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qu’il me perça de part en part l’épaule. Un autre m’entra d’un empan son épée dans le côté gauche. Je chus à terre dans une mer de sang.

Sur ce, les uns et les autres gagnèrent au pied. Je me relevai, dans l’angoisse de la mort, et vis le Cid à la porte de l’église. J’allai sur lui. Il vint à moi : — Chien ! Tu es donc encore vivant ! et il me détacha une estocade. Je la parai avec la dague et ripostai si heureusement que mon fer, pénétrant au creux de l’estomac, le traversa. Il tomba, demandant confession. Je tombai aussi. Le peuple s’attroupa avec quelques moines et le corregidor don Pedro de Cordova, de l’habit de Saint-Jacques, qui me voyant empoigner par les sergents, leur dit : — Laissez ! Il n’est plus bon qu’à confesser. Le Cid expira sur la place. Des âmes charitables me portèrent chez le Trésorier où je logeais. On me coucha. Le chirurgien n’osa pas me toucher avant que je ne