Page:Erauso - Heredia La Nonne alferez.djvu/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au dépourvu, je ne savais que dire. Inquiète et confuse, je devais avoir l’air coupable, lorsqu’il me vint à l’idée d’ôter vivement ma cape et, la jetant sur la tête du cheval : — Seigneur, fis-je, je supplie Votre Grâce de vouloir bien demander à ces gentilshommes quel est l’œil qui manque à ce cheval, le droit ou le gauche ? Ce peut être une autre bête et ces messieurs peuvent faire erreur. — C’est juste, dit l’Alcalde. Vous autres, répondez en même temps, de quel œil est-il borgne ? Ils demeurèrent confus. — Allons, insista l’Alcalde, dites ensemble. — Du gauche, dit l’un. — Du droit, fit l’autre, du gauche, veux-je dire ! — Votre preuve ne vaut rien et ne concorde guère, conclut l’Alcalde. Là-dessus, tous deux se mirent à crier à la fois : — Du gauche ! du gauche ! Nous l’avons dit tous les deux, d’ailleurs, ce n’est pas se tromper de beaucoup. J’intervins : — Seigneur, il n’y a pas là de preuve, l’un dit