Page:Erauso - Heredia La Nonne alferez.djvu/132

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bien pour nous, quand notre nef Amirale fut si rudement abordée qu’elle coula. Seuls, trois hommes purent s’échapper en nageant vers un navire ennemi qui les recueillit. C’était moi, un Franciscain déchaux et un soldat. L’ennemi nous traita mal, nous bafouant et moquant. Tout l’équipage de l’Amirale périt.

Au matin, nos quatre nefs, dont était général don Rodrigo de Mendoza, étant rentrées au port du Callao, on trouva en moins neuf cents hommes, parmi lesquels je fus compté comme perdu avec l’Amirale. J’étais au pouvoir des ennemis, craignant fort qu’ils ne m’emmenassent en Hollande. Au bout de vingt-six jours, ils nous jetèrent, moi et mes deux compagnons, sur la côte de Paita, à une centaine de lieues de Lima. Après plusieurs journées de misère, un brave homme, apitoyé par notre dénûment, nous habilla et nous donna de quoi regagner Lima.