Page:Erauso - Heredia La Nonne alferez.djvu/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mal le pays, je n’aie fait plus de détours que lui.

Quoi qu’il en soit, il nous tira un coup d’escopette à trente pas et nous manqua. Les balles nous passèrent si près que nous les ouïmes siffler. Je poussai ma mule et dévalai à travers les halliers d’une côte, sans plus le voir. Son cheval devait être fourbu. Après quatre longues lieues de course, j’entrai à la Plata, las et éreinté, et allant droit à la grand’porte du couvent de San Agustin, je remis doña Maria Davalos à sa mère.

En revenant prendre ma mule, je me trouvai nez à nez avec Pedro de Chavarria. Il se jeta sur moi, l’épée au poing, sans me donner le loisir de le raisonner. Sa brusque apparition m’alarma fort. Il me surprenait, recru de fatigue, plein de compassion pour son erreur, car il me tenait pour l’affronteur. Je tâchai de me défendre. Tout en ferraillant, nous entrâmes dans l’église.