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cette opinion. Pour moi, qui maudis la guerre en soi, qui continue de ne pas croire aux solutions militaires, aux victoires ancien modèle, je ne vois que l’hécatombe, je tremble que le féroce Mangin ne s’entête, j’imagine tous les intérêts politiques, toutes les ambitions militaires conjurés pour obtenir un succès.

— Une impression qui se répand. L’entrée en guerre des États-Unis et la Révolution russe ont désormais donné pour but à la guerre l’avènement et le triomphe des démocraties. Ce ne sera pas trop cher, paraît-il, d’avoir enfanté dans le sang cet état nouveau. Le comique, c’est que les réactionnaires, qui sont les grands amants de la guerre, sont obligés d’adopter cette opinion.

— Au 33e mois de la guerre, on ne peut pas imprimer, même ironiquement, ce titre : « La guerre va finir. » Un journal voulait annoncer, sous cette forme, une cérémonie à la basilique de Saint-Denis, destinée à amener la fin des hostilités. On ne lui a laissé que ce titre amputé : « La guerre va… »

— Le 19. Les pertes, pour les deux premiers jours d’offensive, seraient de 72.000 hommes. Tristan dit 50.000. Et pour me faire comprendre ce chiffre au téléphone, il me dit : la population de Troyes.

— C… continue de voir, dans la résolution américaine, un de ces grands mouvements idéalistes qui s’emparent parfois des nations et des individus. C’est partiellement possible.

— Le 19. Du jour au lendemain, on institue la carte d’essence. Le Gouvernement entend agir ainsi, sans avertissement, pour éviter les accaparements et spéculations.

— Dans le train de Versailles, des bourgeois cossus constatent le manque de charbon. « Oh ! Le froid, c’est ce qu’il y a de pire », dit l’homme douce-