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les deux opérations. Mais la voie étroite qui sert au ravitaillement en munitions avait été posée l’hiver sur de la neige durcie qui fondit au dégel. Cette voie s’affaissa. Le génie demanda cinq jours pour la réparer.

— Le 12. Gheusi me dit que l’offensive vers Laon est fixée au samedi 14. On évita le vendredi 13 par superstition.

Resté fidèle à la mémoire de Galliéni, Gheusi évoque des souvenirs qu’il fixera sans doute. Pour lui, Galliéni, grand pessimiste, était prophète. Il déplora dès le 2 août 1914 la marche sur l’Alsace. Il annonça que les forts de Liège et de Namur ne tiendraient que quelques heures. Quant à la bataille de la Marne, Gheusi, s’appuyant sur les ordres dont il a gardé copie, donne naturellement le rôle capital à Galliéni.

Le 9 septembre 1914, à 9 heures du soir, Gheusi téléphona de Paris à Millerand à Bordeaux, pour lui annoncer que Paris était sauvé. Le premier cri de Millerand fut : « Nom de Dieu ! » Gheusi estime que Millerand regrettait le départ pour Bordeaux.

— Le 14. Bouttieaux affiche une grande confiance dans sa lettre arrivée ce jour. Il semble une fois de plus suggestionné par l’ambiance. Il oublie tous les jugements qu’il a portés depuis trente mois et qui concluaient à l’inviolabilité des fronts. « Tout est prêt, et vraiment je crois que nous avons fait tout ce qu’il était possible de faire. Je vous enverrai bientôt un petit mot pour vous annoncer, j’espère, de très bonnes nouvelles. C’est la décision. C’est la grande bataille. Ce sera le succès. Haut les cœurs et confiance ! »

— Le 14. L’offensive française est remise au lundi 16.

— Joffre se promène au Bois sous un haut képi