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critiques sur la Patrie. Non. On ne peut pas dire que les Français ont tels défauts, équivalents à ceux des nations voisines. La Patrie est vraiment devenue la Divinité.

— Le 8. Wilson et Poincaré échangent des lettres. Wilson termine : « Au nom du peuple américain, je vous salue, vous et vos illustres compatriotes. » Et Poincaré, personnel, sec et royal : « Je vous prie de croire à mon amitié dévouée. » J’entends nombre de gens s’étonner du contraste.

— Ô la guerre au service du catholicisme… C’est le soldat qui, dans une attaque, fait le vœu : « Si j’en réchappe, je vais à la messe. » C’est cette veuve d’aviateur, libre-penseuse, qui, après la mort de son mari, a entendu son âme, et qui devient spiritualiste, puis croyante. C’est, à la gare de Lyon, au saut du train, une voyageuse qui se précipite, humble et pressante, sur un cardinal : « Monseigneur, une prière pour mes fils qui sont au front… » Monseigneur ne doit-il pas trouver que la guerre a du bon ?

— Je dis à Tristan Bernard qu’avec Cuba, cela fait 13 nations du côté des Alliés. Il s’écrie : « Il y en aura une qui mourra dans l’année ! »

— Du même : la conséquence comique de la guerre, c’est que les nations entretiennent des armées permanentes surtout par crainte des révolutions, que ces armées permanentes ont entraîné la guerre, qui a entraîné la révolution.

— L’offensive française vers Laon devait débuter le 12 à neuf heures du matin. Celle des Anglais devait la précéder de 24 heures. Mais des rapports d’espionnage leur signalent que les Allemands ne se doutaient de rien, les Anglais, afin d’obtenir un effet de surprise, avancèrent de deux jours leur offensive. On fut alors tenté de commencer le 11 sur le front français, afin de ne pas mettre trop d’écart entre