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— Des dames étudient une nouvelle coiffure, avec frange. Elles disent : « Nous aussi, nous faisons des opérations sur le front ».

— La dualité d’opinion dans le commandement sur la date d’une offensive — Painlevé se flatte de l’avoir fait repousser déjà à mars ou avril — l’attente d’une solution américaine, le vide étonnant des journaux, tout cela crée une énervante atmosphère d’avant l’orage.

— Le 24, Lloyd George a fait un discours annonçant de sévères restrictions anglaises. Les objets de luxe de France ne seront plus importés. (Coup dur pour nos exportations, si nécessaires.) Faute de ces restrictions, dit-il, les Alliés iraient à un désastre certain.

Il est intéressant d’opposer ce langage à celui de la presse française, où la censure continue d’écheniller tout ce qui pourrait ne pas montrer la guerre en beauté. N’a-t-on pas échoppé que, pendant la crise de froid, des femmes emmenaient leurs petits dans des débits, pour avoir chaud ?

— Nombre de journalistes américains, quittant l’Allemagne, ont empli nos journaux d’interviews. Leurs avis sur l’état économique de l’Allemagne allèrent du : « Ils manquent de tout » jusqu’au : « ils ne manquent de rien. » Germanophiles et germanophobes sans doute.

— C…., interprète près des Anglais, remarque que cette guerre avait pour objectif de détruire le militarisme prussien, mais qu’elle a déjà engendré le militarisme anglais, si ardent que le soldat anglais est maintenant plus militaire que le soldat allemand.

— Rue Royale, près de chez Maxim’s, on a mis sous verre l’affiche de la mobilisation (nuit du 1er au 2 août, de minuit à minuit). Cela a déjà l’air vieillot d’un souvenir historique, pour Carnavalet.