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leurs ont été faits en Allemagne, par l’intermédiaire de la Suisse.

— Là aussi, le professeur L… raconte qu’il a eu à examiner les tourbières de Saint-Gond, où aurait disparu, engloutie, la Garde Impériale allemande. Or, il n’y a que six Allemands noyés ! Il rappelle aussi la légende, dont on a fait officiellement état, d’Allemands qui seraient venus avant la guerre étudier ces parages. Or, il s’agissait d’une compagnie anglaise, qui voulait acheter les tourbières et dont L… a pu identifier et retrouver les représentants !

— Le 12. Publication de la réponse des Alliés à Wilson. On y donne enfin des buts de guerre. Une phrase singulière décide « que les Alliés ne peuvent pas obtenir dès maintenant la paix qu’ils veulent ». Qu’en savent-ils ? On y a déguisé la cession de Constantinople aux Russes — nécessaire, paraît-il, pour qu’ils ne nous lâchent pas — sous une formule dont on relève en souriant l’ingéniosité : « Expulsion d’Europe des Ottomans, décidément indignes de la civilisation occidentale. » Place aux Cosaques !

— Je n’insisterai jamais assez sur ce fait que les masses en ont unanimement assez et que Presse, Parlement, Gouvernement, ne ressemblent en rien à la nation dont ils devraient être le reflet et l’émanation. Ces cris de pitié, c’est sans cesse qu’on les entend. Hier, sur une plate-forme de tramway c’est un aumônier, retour de la Somme et de Verdun, qui dit à une dame : « Il y a assez de mères en deuil, espérons que cela va finir. » Aujourd’hui, toujours sur le même tramway, c’est une dame très en fourrure qui dit tout haut à un soldat : « Vous n’en seriez pas là, après 30 mois, s’il n’y avait pas des milliers de canailles et d’imbéciles qui avaient voté pour les partis de guerre. » L’auditoire ricanait,