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AOÛT 1916


— Pourquoi tous ceux qui détiennent en France peu ou prou du pouvoir sont-ils pour la prolongation indéfinie de la guerre ?

Ils ne peuvent pas croire sérieusement qu’une paix actuelle aurait pour conséquence fatale une guerre prochaine. Cette guerre-ci étant inédite, nouvelle, ayant entamé plus profondément qu’aucune autre les réserves profondes de tous les belligérants, nul ne peut savoir quand ils se relèveront et si l’horreur enfin révélée de la guerre vraie, ils seront en disposition de se battre encore.

Mais la censure et la dictature militaires ont bâillonné les grandes masses (seuls s’expriment ceux qui souffrent le moins ou qui profitent le plus de la guerre). Pris à l’illusion du silence qu’ils ont imposé, nos maîtres s’imaginent aussi qu’une paix actuelle serait impopulaire.

Enfin, embarrassés et anxieux de la solution, ils voient dans la prolongation un moyen de durer, un renouvellement continu de leur mandat, qui risque fort d’être discuté à l’échéance.

— Tristan Bernard disait qu’au début de la guerre,