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— Au début de la guerre, quinze fous de Villejuif voulurent s’engager. On s’y opposa. Ils s’évadèrent et parvinrent à leurs fins. Où sont-ils ?

— De deux côtés, on me dit que dans la Somme les petits gars de la classe 17 crient « Maman » quand on veut les faire sortir des tranchées et que leurs officiers sont obligés d’en revolvériser quelques-uns.

— Le 15 un soir se répand la nouvelle d’une offensive au nord de Verdun : reprise de la côte du Poivre, 7.000 prisonniers. Les patriotes rayonnent : « Cela prouve que nos soldats ont encore du cran, et c’est la réponse aux offres allemandes. » Cette dernière assertion est fausse. Cette offensive, préparée depuis longtemps, devait produire son effet pendant le Comité secret. Les pluies la retardèrent.

— Le 16. Le Ministère « resserré » a paru le 13. Albert Thomas, ministre de l’Armement, va prendre un immense local, car il lui faut 250 pièces. Je demande si ce sont des pièces lourdes.

— Voici comment Joffre apprit qu’il était disgracié. On lui avait juré qu’il gardait tout pouvoir, qu’on le transférait simplement à Paris. Mais le général Nivelle lui rendit compte que lui, Nivelle, relevait directement du ministre de la Guerre. Joffre n’était plus rien.

— Séverine me dit que Brizon avait des ecchymoses au visage. On lui tira les cheveux, arracha col et cravate, lacéra le cou. On voulait le faire tomber en le tirant par les pieds. Alexandre Blanc, qui voulut le secourir, reçut quelques horions. Et Séverine ajoute : c’est égal, la Vérité est en marche.

— La censure continue de bannir toute pitié, toute appréhension, toute lassitude, tout bon sens, tout ce qui pourrait détendre l’orgueilleux ressort. J’en vois un comique exemple dans la suppression