Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/46

Cette page a été validée par deux contributeurs.

prisonniers français. Les pertes allemandes seraient de 10 % des effectifs, les nôtres de 15 %.

— Deux de nos amies assistent à la reprise de la séance publique à la Chambre. Elles sont attristées de la tenue des députés, leur gaîté, leur chahut, leurs conversations insouciantes. Le ministère a 350 voix contre 200.

Je rapproche cette impression d’une lettre d’Albert J… (classe 1916) : « Si ceux qui veulent continuer la guerre connaissaient les souffrances que l’on endure, leurs idées seraient vite changées.

« Il faut faire comme on nous commande. Rien à dire. Plus tard, si on a le bonheur de s’en tirer, ce ne sera pas le moment qu’on vienne nous raconter des choses… »

— Le 8. Il y a eu conseil de Cabinet. Viviani, comme vice-président, parlant au nom de ses collègues et jugeant d’après l’attitude de la Chambre la veille, offre leur démission à Briand, qui demande à réfléchir. Painlevé et Bourgeois avaient appuyé le discours de Viviani.

Parmi les 14 ordres du jour qui suivirent le Comité Secret, je note celui de quelques socialistes, demandant qu’un tribunal d’arbitrage examine « le droit de l’Alsace-Lorraine de retourner à la France ». Ont-ils mis sur la solution finale ?

— L’opinion, depuis un mois, s’est fort avancée dans le sentier de la paix. Mais n’essaiera-t-on pas auparavant l’équipe ministérielle du « sursaut d’énergie » ?

— Le 9. À propos des crédits, Roux-Costadau lit à la Chambre un discours malheureusement emphatique, mais qui est le premier grand cri de révolte contre la guerre. Il dénonce la course aux abîmes. Grossièrement interrompu, cet homme montre une patience de martyr.