— Nouvelle pièce de Henry Bataille, l’Amazone. Et c’est, dans la haute bourgeoisie, toujours éprise de théâtre, une ardeur haletante, des coups de téléphone anxieux, des caquetages fébriles, que les plus grands événements de la guerre n’ont pas provoqués chez elle. Le retour des forts de Vaux et Douaumont a cent fois moins agité ces gens-là. Il est vrai qu’il s’agit cette fois d’une première ; et il ne s’agissait que de reprises.
— Toujours des Conseils des ministres houleux. Le samedi 11, Painlevé veut encore s’en aller : pendant son voyage en Angleterre, on a réellement voulu destituer Sarrail. Mais le dimanche, il va voir Poincaré et ça s’arrange encore une fois.
— Soudain, des mesures austères et restrictives pleuvent ou menacent. On fermera boutique à 6 heures ; cafés et restaurants à 9 h. ½ ; on ne sera plus reçu en habit ni décolleté dans les théâtres subventionnés ; on créera un grand conseil des économies qui décrétera des jours sans viande. C’est le caractère imprévu de ces mesures qui frappe l’opinion. Il est exact que, faute de transports et de charbon, la distribution de force et lumière a été suspendue dans la banlieue.
Quant aux commerçants, ils s’agitent, ils protestent. Ils s’aperçoivent qu’il y a la guerre.
— La censure supprime un article de la Vie Féminine du 13 novembre. On y souhaitait que des Françaises visitassent les prisonniers Français en Allemagne et réciproquement. La censure ne veut pas même de cette sorte de rapprochement. Il est vrai que nos patriotes déclarent impossible la présence d’Allemandes en France. Est-ce curieux, nous qui nous donnons pour le peuple le plus courtois et le plus généreux de la terre, que nous nous sentions incapables de recevoir des Allemandes, tout