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sement dénoncé. Ainsi, l’envie, la méchanceté sont débridées par la guerre.

Au village, au bourg, on cache qu’on est réformé. On ne lâche pas la vérité d’un coup. On dit qu’on est en congé. Puis on l’allonge. On obéit à l’amour-propre de ne point avouer une infirmité, mais surtout à la peur d’exciter l’envie…

— Sembat reçoit les « manitous » du tourisme. Projets pour accueillir les Américains qui viendront visiter nos tranchées. C’est affreux, l’exploitation de ce cimetière de deux millions d’hommes. Mais c’est toujours la même loi : la Mort n’existe pas.

— On a employé de singuliers moyens pour exciter aux souscriptions. Le 27, un dessin de Poulbot dans un journal. Un gosse dit à un autre au village : « Si ton père, qui n’est pas soldat, ne verse pas son argent, tu verras quand le mien reviendra de la guerre ! » Autre dessin, de Léandre. Un villageois dit à sa femme, qui écrit à leur fils : « Embrasse le gars et dis-lui que j’avons souscrit. »

Ces deux légendes sont aux antipodes de la vérité. Tous les permissionnaires ont dit à leur famille : « Surtout, ne souscrivez pas. »