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— Au Conseil de Défense, Joffre refusait avec véhémence d’envoyer des soldats à Salonique : « M’enlever un homme, sur mon front, alors que nous sommes à la veille de la victoire… » À quoi Poincaré, de sa voix la plus âcre : « Dites l’avant-veille, Monsieur le général en chef. »

— Painlevé se plaint beaucoup des intrigues de Freycinet. À 87 ans, qui l’eût cru ?

— Je demande à Tristan ce que fait le colonel C…, chef des informations militaires à la maison de la Presse. Il me répond en riant : « C’est lui qui fait les lettres de poilus. »

— Albert J… en permission, dit la haine des troupiers contre Poincaré, haine fondée sur l’idée qu’il a déchaîné la guerre.

Il dit que, ce qui fait sortir les hommes des tranchées c’est, vis-à-vis les uns des autres, la peur d’avoir l’air lâche.

Il prétend plaisamment qu’il va se marier, ce qui lui donnera 4 jours de permission, puis 3 jours par naissance d’enfant, et qu’au bout de 6 enfants, il sera renvoyé dans ses foyers.

— Le 22, on envoie en permission les notaires mobilisés, pour travailler les campagnes au sujet de l’emprunt. Ils s’en acquittent fort bien. Le rural est investi du plus près. Les Ligues locales se font dénoncer ceux qui ont de l’or, des titres, des fonds.

— Lavisse publie une étude de Revue où il consent qu’il faut blâmer la guerre en soi. Commencerait-il à s’en apercevoir ?

— Lavedan vient d’écrire dans l’Illustration, en s’inspirant du texte des citations à l’ordre du jour, que les soldats éprouvent le « bonheur de mourir ».

— Chaque soldat qui est trompé par sa femme est aussitôt averti par des lettres parties du village. De même, l’homme qui a un emploi à l’abri est copieu-