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la guerre. Son abaissement est profond. Cela est juste. Mais tant d’autres ?…

— Jusqu’au dernier moment, notre presse, sans élégance, garde son parti pris d’insulte, même en ces heures où la correction serait de règle élémentaire. Un article assure que les Allemands n’ont obéi qu’à la peur, en répudiant le Kaiser, qu’ils n’ont fait « que peindre en rouge la maison Hohenzollern ». Ainsi, ce grand mouvement de démocratisation que l’on appelait, qui devait être une des consolations de la guerre pour ceux qui ont souffert, est ravalé à la plus basse manœuvre.

— Le 11, à 7 heures du matin, au village, le commandement est avisé par radio que l’armistice est signé depuis 5 heures du matin…

Les cloches sonnent. L’air en est plein. Les soldats sautent sur place. Ils pavoisent. Ils enguirlandent. Leur joie fait plaisir à voir. Leur cas est tragique. La classe 19… Ils allaient partir en renfort. Dans six mois, tous auraient été tués. À midi, nous apprenons la fuite du Kaiser en Hollande.

À trois heures, on me téléphone de Paris les conditions de l’armistice… La seule chance que cette guerre sans exemple n’engendre pas d’autre guerre, c’est l’action du socialisme international pendant les pourparlers de paix. Puisse-t-elle jouer ! Enfin, pour l’instant, il faut goûter la délivrance et dire comme les soldats : « La guerre est finie. »