Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/283

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— J’oubliais de signaler que la demande allemande d’armistice, alors qu’elle provoquait l’hostilité de toute notre presse exterministe et de notre bourgeoisie, soulève également la colère des pangermanistes. Mais on ne s’étend pas là-dessus, et pour cause.

— Description de Cambrai libéré. Des obus sur le théâtre, la cathédrale. Ce ne peut être que des obus anglais. Mais les journaux les mettent à l’actif de l’ennemi. Qui pourra établir la part de chacun, dans les ravages de la guerre ?

— Petits bourgeois au café. Ils veulent établir en Allemagne une zone égale à la France envahie et la dévaster. Ils dictent les réparations, dans les plus petits détails. Par crainte de la camelote allemande, ils se rendront dans les ports allemands afin de saisir les bois, les matériaux de construction. Ils brisent l’Allemagne en petits morceaux. Défense à ces petits États de s’agglomérer. Ils évoquent le classique exemple d’Iéna, l’erreur, à éviter, de laisser aux Prussiens une armée de 40.000 hommes. Ils apothéosent le commandement unique, raison de la victoire. Ai-je besoin de dire qu’ils ont lu tout cela dans leurs journaux, mais qu’ils s’en éblouissent comme de visions personnelles ?

— Le 11. Le bruit court de l’abdication du Kaiser en faveur de son fils Eitel ou du fils aîné du Kronprinz.

— Ni dans les journaux, ni dans les conversations, nulle impatience avouée de connaître la réponse allemande aux conditions préliminaires de Wilson.

— Les bourgeois sont en majorité pour une offensive indéfinie. « Plus on avance, plus la paix sera avantageuse. » Nulle part, la pensée exprimée que l’armistice donnerait les mêmes résultats en évitant de nouvelles pertes.