Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/257

Cette page a été validée par deux contributeurs.


JUILLET 1918


— Notre village est envahi par un cantonnement d’infanterie, 1.400 hommes pour 300 habitants, dans un hameau déjà plein de réfugiés. Un sous-officier veut prendre la salle à manger et la cuisine d’une femme seule. Elle gémit : « Où irai-je ? » Il lui répond : « On voit bien que vous n’avez pas souffert de la guerre. » Elle éclate en sanglots. Son mari, mobilisé comme sergent d’infanterie, a été tué en Artois. Elle reste avec deux petits enfants.

— Le 7. Des socialistes allemands refusent de voter le budget. On s’étend moins sur leurs déclarations que sur celles des pangermanistes ! Quiconque ne lit pas les journaux socialistes ignore totalement cette protestation. Comment la foule serait-elle impartiale ?

— On débaptise des voies de Paris pour les consacrer à George V, Victor-Emmanuel III, Albert Ier, Pierre Ier. Le Conseil municipal de Paris, réactionnaire, a exigé ces nominations en contre-poids de celle du président Wilson. Mais comme ces noms royaux reflètent bien la guerre des démocraties !

— La rage, le dégoût m’envahissent chaque fois que les communiqués britanniques, rapportant des raids d’aviation sur des villes, appellent cette affreuse besogne : « du bon travail ».

— Milieu alsacien. Tout le monde se félicite de