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libérées. » Il dit aussi qu’on ne peut pas actuellement signer la paix, si Paris est sous le canon allemand, à 40 kilomètres. Mais avec une petite victoire, cet hiver, peut-être cet automne, on pourrait reprendre les négociations. « Et puis, glisse-t-il, il y a des succès négociables… »

— Singulière journée, le jeudi 20. Une sorte de panique se répand sur Paris. Elle est provoquée par un article du Matin, mal compris, qui prêche l’évacuation, et par les mesures préparatoires que prennent en ce sens les administrations publiques. On demande à chaque fonctionnaire combien de personnes doivent l’accompagner, le tonnage de ses colis, en cas de départ. On dresse des états. On fait des propositions. Des représentants de chaque ministère se réunissent pour arrêter un plan d’ensemble. Les ministères de Défense Nationale se grouperaient autour de Toulouse, à Montauban, Agen, etc. De plus, des rapports d’aviation continuent de signaler de nouveaux groupements de super-canons. Des radios allemands confirment ces indices. Clemenceau annonce pour samedi la reprise du bombardement et des raids par avions géants.

Peut-être veut-on provoquer des départs afin qu’ils soient moins précipités et faciliter le ravitaillement. Peut-être veut-on éloigner les ouvriers, éviter ainsi des mouvements populaires. La thèse du G. Q. G., Paris ville ouverte, influence peut-être ces décisions. Enfin, des fantaisistes disent : on prépare la paix en répandant la crainte…

— Deux divisions « d’élite » étaient dans la Loire, où elles réprimaient durement les grèves, quand se déclenche l’attaque allemande du 27 mai sur l’Aisne.

— Rouen est bombardé de Péronne par super-canon. Silence de la presse.