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lettre ouverte à Poincaré. Celui-ci n’y ferait certes pas le sort éclatant qu’il réserve à la lettre de Léon Daudet sur Malvy.

— Le 6. On dénonce d’avance une « offensive de paix » d’Hertling au Reichstag. Je trouve abominable cette tactique qui décide que les offres allemandes seront fallacieuses et inacceptables. Car enfin, si l’Allemagne est bloquée, réduite économiquement, si elle se plie aux exigences des Alliés, en un mot si l’Entente a atteint ses buts, pourquoi proclame-t-elle d’avance qu’elle ne les a pas atteints ?

— À Fère-en-Tardenois, on annonce à Clemenceau qu’une troupe d’une centaine d’Allemands est à 3 kilomètres. Il dit à un soldat : « Donne-moi ton fusil. J’y vais. » Beau sujet de gravure.

— Le 6, à 11 heures, on m’apporte une circulaire invitant les services ministériels à emballer tous les papiers inutiles au Service courant. Ces sacs partiront vendredi 7 pour une destination inconnue, où nous les rejoindrons… Effervescence.

— Clémentel voudrait que le Gouvernement allât à Clermont-Ferrand. Cela animerait son Auvergne.

— Le 6. L’offensive allemande, favorisée par un temps splendide, suit le rythme de celle du 21 mars. Elle se calme et se réduit à des actions locales. Les Allemands disent qu’en un point ils sont à 60 km. 800 m. de Paris. On craint l’installation de pièces de marine allemandes sur un front de Senlis à Meaux.

— Le 7. À midi 10 et midi 20, deux obus tombent rue de l’Université, à l’angle de la rue de Courty, puis à l’angle du Boulevard Saint-Germain, à 50 m. l’un de l’autre. Le bruit court qu’ils visent le ministère de la Guerre, tout éclaboussé d’éclats. Nous rencontrons, à cet endroit, le député Marin, qui sortait de la Chambre et qui est tout couvert de poussière.

— Caillaux écrit deux lettres, l’une à Deschanel,