Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/240

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— On n’a plus le droit de se laver à l’eau chaude que le samedi et le dimanche, dans les hôtels.

— Le chauffeur J.-B. Barreteau (journaux du 23) est condamné à 15 jours de prison pour avoir dit, d’une maison bombardée : « Les dégâts sont affreux. » Extrait du jugement : « Attendu que cette expression constitue une information sur les opérations militaires et qu’elle est de nature à influencer l’esprit des populations » (15e Chambre correctionnelle). Comment connaître l’opinion vraie d’un peuple qui vit écrasé sous une telle terreur ?

— Interpellant sur les jours sans viande, le député Bracke, parmi les patriotiques protestations de la Chambre, a déclaré qu’on sacrifiait plus facilement le cheptel humain que le cheptel bovin, qu’on hésitait moins à donner son fils que sa bourse. Et il a donné des trois jours sans viande une basse raison. Des éleveurs, des spéculateurs, ont fait ce raisonnement : « Les Centraux n’ont plus de cheptel. À la paix, ils le reconstitueront à n’importe quel prix. Donc, gardons notre bétail, afin de le vendre très cher à l’Allemagne et à l’Autriche. »

— Le resserrement de l’alliance austro-allemande, qui constitue un bloc d’attraction pour l’Europe orientale, fut aidé par Ribot et Clemenceau. Penser qu’ils ont 155 ans à eux deux ! Je garde la conviction obscure, profonde, qu’on pouvait cesser le massacre, s’entendre par des accords, il y a un an.

— D’une lettre du général Bouttieaux : « Les journaux donnent le lieu de la prochaine offensive allemande et le nombre des divisions à affronter. Nous sommes moins bien informés…

« Le temps est radieux, la campagne admirable et il est vraiment effroyable de s’entretuer dans cette fête de verdure.

« Le ravitaillement parisien n’a pas l’air de marcher