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Hélas ! Toutes les femmes avaient maigri de trente livres.

— Le 13. On cache la grève de l’usine Renault. Les ouvriers ne demandent pas d’augmentation. Ils protestent contre les rappels au front, le remplacement par des étrangers, contre la paix manquée l’an dernier, contre une dure politique. Enfin, ils veulent la publication des buts de guerre.

— Une dame dit devant moi : la guerre, c’est un torrent qui coule, et chacun y fait tremper sa roue, petite ou grande, pour faire tourner son moulin. La houille blanche, dit une autre. Et la première de corriger : la houille rouge.

— Le 15. Dès le 14 au soir, le mouvement gréviste se calme. Les journaux sont toujours muets. Silence vraiment symbolique de l’ignorance où l’on tient l’opinion. 100.000 hommes ont quitté les usines aux portes de Paris, et Paris l’ignore.

— Le dimanche 12, l’accord de Berne sur les prisonniers a paru à l’Officiel. Les journaux en donnent de maigres extraits. Aucun commentaire. Cet accord est avantageux. On ne le souligne pas. Parbleu ! Il faudrait avouer qu’on a pu s’entendre avec des Allemands. Jamais ! On serait naturellement tenté de renouveler, d’élargir ces pourparlers, sur d’autres terrains. Il ne faut pas ! Il faut laisser intacte l’idée d’ennemis fourbes, exigeants, cassants, durs, avec lesquels on ne peut pas traiter.

— Le premier Salon de peinture depuis la guerre. On pouvait appréhender un plus grand nombre de toiles patriotiques. Naturellement les scènes de batailles représentent des Français intacts se ruant sur des Allemands qui demandent grâce ou qui sont frappés. Beaucoup de Joffre en plâtre, déjà anachroniques.

— Raid aérien le 15 au soir, de 10 h. 20 à minuit.