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les trottoirs protégés, avertir du moment où part le coup, etc. On a fait rentrer les enfants à l’école après Pâques, comme de coutume ; cela satisfait l’orgueil patriotique et aussi l’incurable routine.

— On se soucie, à l’École d’Électricité, me dit-on, de protéger les « Ohms », en cas de bombardement. Ce sont des étalons de mesures électriques qui ont coûté quelques milliers de francs. J’avais compris qu’on se souciait de protéger « les hommes ». Cela m’étonnait.

— Nombre de domestiques quittent leur service pour fuir Paris. La plupart étaient « jusqu’auboutistes ». Du haut en bas, même phénomène. Ces carnassiers ne veulent le danger que pour les autres.

— Un radio allemand dit que le bombardement de Paris a été suspendu le jour des obsèques des victimes du « coup malheureux » de Saint-Gervais.

— Le 8. Depuis sa lettre courageuse en faveur de Rappoport, Anatole France est visé par les réactionnaires. Ils l’appellent Anatole Prusse. Et Clemenceau dit au sculpteur S… : « Je l’admire. Mais s’il dit un mot de trop, je l’arrête ».

— Le 9. Bolo, dont le recours en grâce a été rejeté hier par Poincaré et qui devait être fusillé ce matin, fait « des révélations » ; on ajourne son exécution.

— Clemenceau déclare qu’en mars 1917, dans une lettre autographe, l’empereur d’Autriche parla des « justes revendications de la France sur l’Alsace-Lorraine ».

— Au premier officier qui lui annonça l’existence du super-canon, Clemenceau dit : « Vous voulez que je vous fasse préparer une cellule à Charenton ? » Il aime préparer des cellules.

— Deux camps se forment pour juger l’attitude de Clemenceau dans l’affaire de la lettre de Charles Ier. Dans l’un, on croit au divorce des deux Empires.