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Je m’étonne que les Allemands s’évertuent à reprendre à prix d’hommes précisément le terrain qu’ils ont abandonné de propos délibéré il y a juste un an. Réponse : c’est exprès. Ils avaient rasé cette région, préparé ainsi le glacis de leur attaque.

— Les vitres de fenêtres et les devantures de magasins se couvrent, à Paris, de bandes de papier destinées à éviter le bris des carreaux en cas de raid. Cela donne aux façades un aspect nouveau. Il y a de charmants dessins, que reproduisent les journaux illustrés.

— Le 21. Une note officielle fixe les règles imposées à la presse pendant l’offensive allemande. On ne pourra publier, comme compte rendu des événements, que les communiqués du G. Q. G. et les articles, visés par le Ministère de la Guerre, des correspondants de guerre. Les articles de fond, qui apprécieront les opérations, « ne devront rien contenir qui soit en contradiction avec la teneur des communiqués officiels ». L’ombre s’épaissit…

— Tous les trains ressemblent à ceux qui emportent les pèlerins à Lourdes. On emmène les impotents, qui ne peuvent pas descendre à la cave et qui immobilisent leur famille autour d’eux. Ce sont des chariots, des fauteuils à roulettes, un défilé d’infirmes que la maladie cloîtrait et que la terreur libère.

— Le 24. À Serbonnes pour le dimanche. Les journaux de ce jour présentent un aspect unique. On y lit deux communiqués successifs du samedi. Le premier signale un raid aérien, de 7 h. du matin à 3 h. après-midi et déclare que les avions allemands ont été pris en chasse. Le second attribue le bombardement à un canon à longue portée (120 km.). En science, il ne faut rien nier a priori, il faut tout examiner. En fait, ce canon a très bien pu être réalisé. Déjà, des voyageurs arrivés de Paris