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près des Folies-Bergères (rue Geoffroy-Marie) et rue Drouot, attirent surtout la foule et l’attention, parce qu’elles touchent le centre de Paris. On annonce 13 morts.

— Un fonctionnaire me contait qu’un soir d’alerte, on avait vu circuler, dans l’ombre opaque, une auto munie d’un phare énorme, solaire. On la piste, on l’arrête. C’était l’auto de la Place, chargée de surveiller l’extinction des lumières.

— Tout devient de plus en plus bleu, la nuit tombée. Les tramways, les métros sont éclairés d’ampoules bleues. Les femmes, qui sont plus ou moins fardées, ont là-dedans des teints de cadavres avancés. La Morgue en marche. Je crois bien me rappeler que sous l’influence de la lumière bleue, les plantes mènent une vie ralentie. En serait-il de même des humains ?

— Victor Margueritte organise une réception autour d’Anatole France. Je répète le propos d’un magistrat sur l’affaire Caillaux : « Je bats les buissons. Il y a un lièvre. » Ernest-Charles dit : « C’est un lapin. » On raconte des essais d’asphyxiants, au début de la guerre. On les expérimentait sur des chiens et des cobayes. Un chien vint tomber, mourant, aux pieds des assistants. On se félicitait déjà. Mais on s’aperçut que le chien mourait étouffé : il avait avalé un cobaye.

— Visite de Bouttieaux. Le général Pétain vient de réunir des généraux. Il croit à l’offensive allemande. Il la place vers le début d’avril. Une seule nouveauté dans l’attaque : l’ypérite, gaz vésicant qui ne tue pas, mais immobilise ses victimes trois semaines.

— Le 12. Raid d’avions le 11, de 9 h. 25 à minuit 20. Nous sommes à la Comédie-Française à la première des Noces Corinthiennes, d’Anatole