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Laval, député socialiste. Il y a une curieuse tendance de commerçants, d’industriels, à subventionner des feuilles avancées comme pour prendre instinctivement une assurance contre un avenir gros de révolution sociale. On dit de ce nouveau journal : c’est un article de Bazar.

— Il paraît qu’on appelle nos « Never-endistes » les P. Q. C. D. (pourvu que ça dure.)

— Le 25. Les journaux républicains de ce matin offrent un contraste vraiment tragique. D’une part, les résultats de la Conférence interalliée socialiste de Londres, achevée le 23, et qui vota à l’unanimité une motion jetant les bases de la paix des peuples selon les directives de Wilson. De l’autre, la paix russe, signée le 24 par les maximalistes, qui abandonne à un sort incertain, sous la police allemande, d’immenses territoires et qui concède à l’ennemi d’énormes avantages économiques.

Fidèle à mes idées, j’évoque le « brassage » auquel se livra Delcassé dans son année d’ambassade, 1913, la Russie excitée à la guerre, nous y excitant, toute une exaltation mutuelle qu’exploitait le belliqueux pangermanisme. La suite en découle. La révolution n’est que la conséquence de la guerre.

La moralité ? Le regret affreux de n’avoir pas soutenu la révolution russe, de ne pas lui avoir crié : « Non, nous ne sommes pas des annexionnistes, nous sommes des républicains, nous sommes vos pères, nous sommes vos frères en révolution. » Pour qu’un Sembat, tout soucieux d’art et de bien-être, s’offrît en décembre dernier à aller jeter ce cri malgré les risques du voyage, fallait-il qu’il sentît vivement cette vérité, cette nécessité ! Hélas ! Nos maîtres ne voient que la guerre militaire.

— Ces Notes devraient s’appeler : l’Envers de la Guerre.