— Y a-t-il quelque chose de plus antidémocratique que la guerre, qui ravale les hommes à une masse anonyme, dont on dispose comme de bêtes, et qui ne met en lumière, en toutes occasions, que les chefs ?
— Un colonel écrit que l’explosion d’un dépôt de grenades a pris au piège et incendié dans le tunnel de Tavannes, près de Verdun, les troupes qui s’y abritaient contre le bombardement. 700 hommes ont péri. Les journaux se sont tus.
Painlevé dit à ce propos qu’au Conseil du 21 septembre, on s’indigna de n’avoir pas été mis au courant du fait par l’autorité militaire. Albert Thomas l’apprit d’un collègue de la Chambre. On a frappé du poing la table. Mais ce sera tout.
— Un sportif professionnel, tué ces jours-ci au front, écrivait récemment qu’on leur avait appris l’usage du couteau, qu’il avait essayé sur un Allemand, lui ouvrant la gorge de bas en haut, suivant la règle, mais que cet homme lui avait jeté un tel regard d’angoisse qu’il avait renoncé au couteau et… qu’il avait assommé les autres à coups de poing.
— Le G. Q. G. aurait retardé de trois jours l’annonce de la prise de Florina, parce que c’était l’œuvre de Sarrail. On en prend à témoin les dates des journaux neutres.
— Le nouvel emprunt s’appelle « Emprunt national 1916 ». Le précédent s’appelait « Emprunt de la Victoire ». Sagesse ?
— Dans les milieux ouvriers, on ne parle plus de la guerre. On s’intéresse plus au feuilleton qu’au communiqué.
— Titres de feuilletons : Les Alliés, Les Héroïnes, Les Captives, Les Mystères de la Forêt Noire.
— Un blessé, moribond, repousse un prêtre : « Laissez-moi. Quand je serai mort, vous ferez ce