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humaine ! Quel monument funeste, ce mirliton fait avec des canons, ce phallus érigé à la gloire ignoble de la tuerie… Et sa destruction en 71, et sa résurrection…

On bâtit aussi de ridicules petites cabanes sur les chevaux de Marly, aux Champs-Élysées. On ferme le parc de Versailles, pour vider le château. Tout cela contre les avions allemands.

On m’avait conté, peu avant le 30 janvier, que Clemenceau avait vu en rêve le groupe de La Marseillaise, à l’Arc-de-Triomphe, détruit par une bombe. On abrite ce groupe sous des sacs de sable.

— À propos de ce raid, la stupidité se déchaîne encore. On prête une intention à chaque bombe. À l’École des Mines, les Allemands ont voulu détruire notre pépinière d’ingénieurs ; aux Beaux-Arts, notre pépinière d’artistes. Au Crédit Lyonnais, nos richesses, etc.

— On parle, pour l’ambassade de France à Berne, de Briand, de Lutaud. Ils eussent préparé une paix raisonnable. Ces choix étaient donc peu vraisemblables. En effet, Beau, qu’on déplaçait, était partisan de la paix séparée avec l’Autriche et la Turquie. Il avait adjuré Ribot, qui ne l’avait pas écouté. On a nommé M. Dutasta. On dit que c’est une créature de M. Clemenceau.

— Le 12. Au lendemain du raid d’avions sur Paris, les aviateurs français proposèrent deux raids de représailles sur Vienne et Berlin, assurant que les moyens actuels en permettaient le succès. Douze heures après, les Allemands, avertis, faisaient savoir par radio que si on exécutait ces projets, ils renouvelleraient leur raid sur Paris. Clemenceau donna l’ordre au G. Q. G. d’ajourner les représailles à six semaines, le temps d’organiser la défense de Paris. Mais, dès le 6 février, le G. Q. G. indiquait au communiqué que nous avions jeté 4.000 kilog. d’explo-