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— Briand dit : « Ce bon M. Loustalot ! L’accuser d’intelligence avec l’ennemi… On ne peut même pas l’accuser d’intelligence. »

— À cet affreux mot de défaitiste — qui donc souhaita la défaite ? — on opposa dans l’autre camp le vocable exterministe. Gageons qu’il n’aura pas la même fortune.

— Un journal expose le plan pangermaniste et prétend qu’il fut rigoureusement suivi au cours de la guerre. Cela me rappelle cette réflexion d’Anatole France pendant notre voyage au Maroc en 1912 : « La guerre est une suite d’événements imprévus auxquels on s’efforce ensuite de donner un sens raisonné. »

— Un soldat m’écrit, au risque d’être pris par le contrôle postal : « c’est malheureux que Clemenceau ait échappé quand on l’opéra. On dit qu’on lui a enlevé une pierre. En tous cas, il lui en reste une, à la place du cœur. »

— Le 23. Toujours l’attente de l’offensive. « On nous en donne le programme et la date comme un gala de l’Opéra », m’écrit d’Antibes Anatole France. Et l’attente aussi d’un raid aérien sur Paris. Les journaux réveillent cette appréhension par des rappels de précautions.

— Ceccaldi confirme que des documents manquent au contenu du coffre-fort florentin : le dossier Cornélius Herz sur Clemenceau et le dossier Poincaré sur le rétablissement de l’ambassade près du Pape. Les sommes contenues dans ce coffre représenteraient environ 200.000 francs au cours actuel. Les journaux avaient annoncé 2 millions. On voit l’effroyable partialité des informations. La haine contre Caillaux ne s’apaise pas. Le travail des journaux, le besoin d’un bouc émissaire, ont créé cet état d’esprit. Quel étrange aveuglement… Il apparaît, quand on réflé-