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— Le 10. Le bruit galope de l’arrestation prochaine de Caillaux. La chose était décidée avant son discours de défense à la Chambre. On y renonça dès après ce succès. Mais voici des conciliabules de Clemenceau, d’Ignace. Et certains de ses ennemis murmurent : le juge instructeur se plaint du mutisme des témoins ; ils parleront peut-être, une fois Caillaux arrêté.

— Depuis quarante-trois mois, il y a moratorium de la Raison.

— On répand toujours le bruit d’une formidable offensive allemande. Elle sera désespérée, paraît-il. On écrit aussi qu’elle sera aérienne. Je m’étonne que la presse, si appliquée à exalter le « moral », se fasse l’écho continu de cette crainte. Réponse : c’est que, précisément, le Français ne cède jamais sous la menace.

— Notre ministre de la Guerre interdit le port du cache-nez, « sauf pour les soldats délicats, qui doivent le dissimuler sous la capote ». Il a gelé à 18°.

— La lutte, qui deviendra générale, entre impérialistes et socialistes, est aiguë en Allemagne. Le vrai caractère du conflit se dessine : les avaleurs contre les avalés.

— Forain se promenait au Bois, au temps où il n’était pas encore nationaliste. Passe un vieux général à cheval, tassé, podagre, croulant. Et Forain : « Il ne pourrait même pas fuir ! »

— On me dit : « La France s’est mise aux côtés de la Russie engagée dans la querelle serbe. L’ayant suivie dans la guerre, pourquoi ne la suit-elle pas dans la paix ? »

— Encore une séance de la Chambre à marquer d’une croix noire. Celle du 11. Les socialistes, forts de la sollicitation si pressante et si tendre de Wilson d’aider la Russie, ont vainement tenté d’obtenir du