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JANVIER 1918


— Un soldat me fait parvenir le Journal des Ardennes, organe des pays occupés, inspiré par les Allemands. J’apprends ainsi que l’Allemagne fit des ouvertures de paix à l’Angleterre en septembre 1917, à l’incitation d’un pays neutre qui lui donnait à espérer un accueil favorable. Cette tentative n’eut pas de suite.

— Dans mon compartiment de chemin de fer, l’inscription « Défense de cracher » figurait en trois langues. On a masqué d’un papier le texte allemand. Une femme dit gravement, sans ironie : « Ah ! Dame, il ne faut pas les renseigner. »

— Le 5. On prête à Clemenceau l’intention, renouvelée des procédés de l’État-Major dans l’affaire Dreyfus, d’utiliser une dépêche de Sonnino destinée à écraser Caillaux.

— Les jeunes femmes semblent s’être classées en deux groupes, quant à l’amour, dans cette guerre. Dans la bourgeoisie, il n’apparaît pas de recrudescence d’aventures. On avait peut-être atteint la saturation. La facilité des mœurs se serait aggravée dans les couches populaires, en particulier sous le joug de la nécessité, qui aurait fait de beaucoup de femmes des prostituées temporaires.

— Le 5. Interview de Clemenceau par le Petit Parisien. Son but : « Vaincre ! » Il répète le mot