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centes gardiennes d’ouvroir, coupables seulement de pitié et qu’on livre aux rigueurs des conseils de guerre, aient porté le trouble dans le cœur de nos soldats. Mais la commune bourgeoisie le croit fermement. Et si Clemenceau ne se hâte pas d’assurer la victoire par le supplice de ces millions de traîtres qui se montrent dans les cauchemars des concierges et des propriétaires, il sera bientôt tenu lui-même pour traître. Pour homme faible, tout au moins, et cela commence… »

— Autre lettre, arrivée le 9 décembre : « Vous l’avez su, cher ami, le président Wilson a ses desseins qui ne sont pas ceux de l’Angleterre, de la France et de l’Italie. Il fait la guerre aux Allemands pour leur perfectionnement moral. Il ne déposera les armes que lorsque les Boches, formant un peuple de justes, marcheront dans les voies du Seigneur sous des chefs inspirés du ciel, tels que les juges d’Israël ou les présidents des États-Unis d’Amérique, et suivront les préceptes saints d’un nouveau Gédéon ou d’un autre Wilson. Il prie son dieu d’opérer promptement cette transformation merveilleuse. Cependant Guillaume demande au sien de ne pas permettre que le peuple allemand soit soumis aux dieux des nations étrangères. Le dieu de Guillaume et le dieu de Wilson sont deux puissants dieux, dont les foudres peuvent longtemps s’entre-croiser sur nos têtes. Lord Lansdowne veut détourner ce présage. Sa lettre a soulevé en Angleterre des colères de presse qu’on nous a étalées. On ne nous a pas communiqué les approbations que les journaux libéraux ont données à ce vieux conservateur. Au reste, nous ne savons rien des choses d’Angleterre.

« Le docteur Boigey, qui est un homme de sens et, après trois ans de tranchées, qui a quelque expérience de la guerre, m’a parlé comme vous des trans-