Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/173

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— On dit qu’on détrousse énormément, qu’il y a de véritables associations de déserteurs attelés à cette besogne. On ne tue pas, car chacun se dépouille sans résistance. Je suggère que c’est peut-être une façon de forcer les souscriptions à l’Emprunt…

À propos de l’Emprunt : imitant les méthodes anglo-américaines, on a ouvert des guichets dans le tank et la nacelle du Zeppelin exposés aux Invalides.

— On dit qu’Almereyda, demi-mort d’un cancer au foie, souffrant du manque de morphine et trouvant une nuit sa cellule ouverte, se glissa dehors, prit ses cordons de souliers, se pendit à son lit en se laissant tomber à terre. C’est ainsi que ses gardiens le trouvèrent au matin. Or, ils auraient dû fermer la cellule, lui enlever ses souliers, le surveiller. Ils découpèrent donc sa chemise en lanières et simulèrent ainsi un suicide qu’il aurait pu régulièrement tenter ; cela pour couvrir leurs fautes professionnelles.

— Le 8. Un réquisitoire du procureur général Herbaut conclut à la levée de l’immunité parlementaire de Humbert.

Un groupe de rédacteurs du Journal débarque férocement leur ancien directeur. Ce geste est accueilli sévèrement.

— Les lettres d’Anatole France. En voici une du début de décembre. « Si vous voulez mon avis, cher ami, je ne crois pas, contrairement à l’opinion générale, publique, souveraine, auguste, que ce soient Malvy et Caillaux qui aient empêché nos braves généraux de chasser les Allemands de France et de Belgique ; je ne crois pas que cette poignée de financiers et d’agents d’affaires qu’on va juger très militairement aient eu beaucoup d’influence, par leurs escroqueries, sur la marche de la guerre. Je ne crois pas que les pauvres institutrices et ces inno-