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des allées et venues le laissa en tête à tête avec Poincaré. Un silence. Puis Clemenceau : « Eh bien, mon vieux Raymond, on va faire l’amour ? »

Variante. On demandait à Clemenceau ce qu’il avait fait dans ce tête-à-tête : « L’amour. »

On examinait en Conseil le sort des Français à Petrograd, en particulier celui de l’ambassadeur Noulens. On craignait qu’ils ne fussent molestés. Clemenceau dit : « Si on les tue, on les mangera, car la famine règne. » Il rêve, puis : « C’est peut-être bon, du Noulens ? »

— La Conférence interalliée n’a rien donné. Elle rappela ces vaudevilles où les portes claquent. Lloyd George partit avant la fin parce que l’Angleterre n’y avait pas plus d’influence que la Serbie. Cadorna l’imita. Il ne voulait pas de Castelnau au lieu de Foch au comité de guerre interallié. Enfin, le bruit persiste que l’Amérique, en la personne de House, ne veut pas que l’Alsace-Lorraine soit une condition préalable de paix. On dit que Clemenceau, — qui prétendait imposer ses vues et ses hommes, le chapeau sur l’oreille, serait fort déçu.

— Des forêts du Nord sont livrées aux Anglais qui les rasent. Ce n’est rien à côté des vies humaines, mais quelle image des ruines de longtemps irréparables.

— Le 6. Wilson a lancé récemment un nouveau message. La traduction française en serait tronquée et faussée. Il reviendrait à la formule « paix sans annexion ni indemnités » votée par le Reichstag le 19 juillet dernier. On y discernerait que le retour de l’Alsace-Lorraine ne serait plus une condition sine qua non de la paix. Ce message apparaît à certains la préface des négociations.

— Lecture des « citations », à l’Officiel. Je n’arrive pas à admettre un état de civilisation où l’on décerne de la gloire « pour avoir tué de sa main, etc… »