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« Au milieu, toutefois, des sujets de douleur ou d’inquiétude qui m’environnent, je n’oublie pas que Ribot est tombé et qu’une lueur d’espérance s’est allumée au moment de sa chute, »

— Le 8. On rend officielle l’arrivée au pouvoir des maximalistes russes, réclamant une paix « immédiate et juste ». Mais on ne dévoile pas encore une autre prétention du nouveau gouvernement, qui veut, pour tous les belligérants, un armistice de quinze jours. J’imagine qu’on va en rire ou se taire.

— Tristan me conte qu’avant l’entrée en guerre des États-Unis, il vit cette caricature pacifiste d’un journal américain. Schwab, le roi de l’acier, présentait des canons à Wilson : « Achetez-moi ces canons. — Mais je n’ai pas d’ennemis ! — Achetez toujours ces canons. Je vous procurerai ensuite des ennemis. »

— Au Lycée Louis-le-Grand, une Ligue distribue des tracts aux élèves avec prière de les répandre dans leur entourage. On y montre comme buts de guerre la rive gauche du Rhin, le démembrement de l’Allemagne, la Prusse réduite à ses bornes primitives, des indemnités.

— Leymarie est inculpé de complicité de commerce avec l’ennemi. Le président Monnier est frappé par la Cour de cassation de la plus haute peine, la déchéance. C’est toujours la guillotine sèche.

— Le 9. Nouveau déjeuner avec Anatole France. Barthou lui a récemment écrit qu’on a trouvé le secret des offensives sans perte d’hommes. Souvent revient sur les lèvres de France ce propos « qu’avec des assignats et des Sénégalais, on peut maintenir le moral ». Il dit aussi qu’on arrêta Turmel pour avoir vendu le Comité secret et qu’on s’aperçut ensuite qu’il n’avait vendu que des bœufs. Ce trait s’applique à nombre d’arrestations. On inculpe