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Beaucoup de jeunes officiers font ce vœu : au printemps 1918, les Américains prennent un secteur ; ils reçoivent une tape, perdent 50.000 hommes et, enragés de prendre leur revanche, fournissent de gros effectifs. Ce qui rappelle à France l’histoire du gonfalon de Manfred. Ce dernier avait prêté son gonfalon à une peuplade voisine, pour une fête. Le gonfalon y fut insulté, traîné à la queue d’un âne. Manfred engagea toute son armée pour venger l’injure faite à son gonfalon.

Il prête à beaucoup d’hommes politiques la crainte de voir Caillaux terminer la guerre, de même que ledit Caillaux l’évita en 1911 par la tractation d’Agadir. L’après-midi du dimanche, des Tourangeaux viennent le voir et commentent les événements. Cette fois, on cherche les raisons de l’arrestation de Bolo. Il était malade. La foule criait : « À mort ! » devant la civière qu’on enfournait dans la voiture d’ambulance. On tombe d’accord qu’il s’agit, inconsciemment ou non, d’atteindre le pacifisme dans ses éléments vulnérables, pour paralyser ses éléments sains.

La guerre affecte vraiment Anatole France. Par le clair de lune, comme sous l’éclat du soleil, il pense à l’horreur des tranchées. Il est malheureux. Je n’ai jamais vu d’homme qui, n’ayant personne au front, soit aussi sensible à cette longue et stupide catastrophe.