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être mis bientôt en liberté provisoire. Beaucoup disent que la privation de piqûres pour un morphinomane mène au suicide. On m’assure que Viviani, contrairement à ce que je croyais, était opposé à l’arrestation. Elle fut décidée par Ribot, sans doute à l’instigation des forcenés, modèle Clemenceau.

— Tirages de journaux : Le Petit Parisien : 2.500.000. Le Matin : 1.300.000. Le Journal : 1.100.000. Et les feuilles du soir, toutes réactionnaires, arrivent à 200.000.

Qu’on oppose à ces chiffres formidables le faible tirage des journaux d’avant-garde et l’on comprendra la mentalité où l’on a maintenu la foule dans cette guerre.

— Toutes les lettres de Bouttieaux présentent un caractère commun de sincérité cristalline. Elles ont un intérêt pour ainsi dire barométrique. Elles enregistrent les courbes d’une mentalité ingénument sensible aux événements, surtout militaires. La dernière, datée du 13, est au plus bas. En voici des passages :

« Les escarmouches continuent, au Chemin des Dames, sans résultat possible. »

« Les braves poilus trouvent que c’est long ; l’amélioration de l’ordinaire, la permission de 10 jours à double destination, les foyers du soldat ne suffisent pas à les dérider.

« Tout le monde proclame la nécessité de continuer, sans savoir comment et jusqu’où. Mais chacun désire la paix et on voudrait en parler, ne fût-ce qu’à Stockholm.

« En dehors des militaires professionnels, dont je suis, tout le monde en a assez.

« Et les opérations en cours ou en préparation n’auront pas plus de succès que les précédentes. »

— Une des formules d’anathème contre la guerre :