Page:Envers de la guerre - tome 2-1916-1918.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.

empoisonnement légal, officiel de l’opinion, doit rester un trait caractéristique de la guerre. Il faut marquer aussi son absolutisme, son ton de « bon plaisir », sa tendance à user de son pouvoir de censure pour épargner les gens en place.

— Une Anglaise dit : « Il ne faut pas finir le guerre par un paix honteux. »

— L’entrée en guerre de la Roumanie provoque des satisfactions discrètes, animées surtout de l’espoir que cela rapprochera la fin. Aucune manifestation dans la rue. Seuls, les édifices publics pavoisent.

— Les religieuses qui avaient quitté la France pour la Belgique à la Séparation sont derechef à Paris. Elles espèrent bien ne plus partir. Fruits de la guerre ! Le Vatican exprime le même espoir, et celui d’une ambassade de France, à Rome.

— La journaliste américaine Caroline Wilson voulait enquêter près des militaires sur la loi de trois ans, afin de l’offrir en modèle à son pays, qui est poussé à se militariser. Ainsi, grâce à la lecture des journaux réactionnaires, cette Loi apparaît comme l’outil modèle de la guerre. Je l’engage à lire L’Armée Nouvelle de Jaurès, prophétie que réalisa la guerre, puisque la résistance à l’invasion est l’œuvre du paysan, sans entraînement militaire, transporté du sillon dans la tranchée.

— Férocité des patriotes. L’un d’eux visite un camp de prisonniers allemands. Il m’avoue en riant qu’ils crèvent de faim. Quatre-vingt-trois grammes de viande par jour. Ce sont des représailles. La moitié a « des gueules d’assassins ». Le feldwebel est écœurant de servilité (Sinon il eût été à gifler d’arrogance). Ces hommes sont condamnés à une demi-heure de corvée supplémentaire pour je ne sais plus quelle faute. L’adjudant qui commande