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Un ciel de soie, les barques sur le canal, les panaches d’eau, les tables de café où les nouveaux riches sablent le champagne au goûter, tout un décor de fête et de joie, où l’on est si loin de la guerre…

Au surplus, on a tout fait pour favoriser le besoin humain de l’oubli. C’est à tel point que nos descendants, apprenant la guerre dans les journaux et les magazines, s’apercevront qu’il n’y a pas eu de morts français. Jamais un chiffre, une allusion à nos pertes dans les communiqués, jamais un cadavre français sur un cliché de bataille.

— Lundi 4. Painlevé, au Comité secret, adjure les socialistes à l’union. L’ordre du jour, accepté par tous les groupes, sauf les socialistes, parle de l’Alsace-Lorraine de 1871, et réduit les propositions en demande à ce retour et aux réparations matérielles. C’est une mise au point, un émondage, par rapport au projet d’annexion apporté en Russie. Mais le public l’ignore.

Cependant 52 socialistes ne s’y rallient pas. Soit que cela leur semble encore excessif, soit qu’ils veuillent une paix rapide, ou qu’ils gardent rancune à Ribot d’être resté intransigeant pour Stockholm.

— Comment établira-t-on la vérité, plus tard ? Du général Marchand, on dit : qu’il fut tué par ses soldats, ou blessé, ou prisonnier, ou indemne. De Roques : qu’il a été torpillé, qu’il commande une division en Italie, qu’il est à Villers-Cotterets. De Mangin : qu’il est au Cherche-Midi en prison, qu’il s’est suicidé, qu’il a un nouveau commandement. Évidemment, on pourrait savoir. Mais ce doute n’est-il pas caractéristique ?

— Le 6. Jean Longuet confirme mes renseignements sur le Comité secret. Les socialistes ne possédaient pas « le document Paléologue » sur les annexions françaises. Ils savaient seulement son