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Je n’ai pas pu discerner ce qu’en pensait la petite Américaine.

— Le 23. Grand bruit autour d’une manifestation dont Caillaux fut victime à Vichy, 2.000 personnes à l’assaut du Commissariat où il s’est réfugié. On demande des troupes au chef-lieu, on fait partir Caillaux… Le cas de cet homme est stupéfiant. Il a de sûrs amis, des admirateurs, un fort parti à la Chambre. Mais il fut l’homme de l’impôt sur le Revenu. Les classes riches surent le faire haïr. Le Figaro fut leur moniteur.

Autre source d’hostilité : Caillaux régla l’affaire d’Agadir en 1911. On dit alors qu’il vendit la France. Or, cet arrangement fut encore plus impopulaire en Allemagne, où l’on accusa le ministre Kiderlen-Waechter d’avoir humilié son pays en signant l’accord. Il en mourut dans les six mois.

— Copie d’un document jeté par un avion allemand le 4 août et tombé à Robert-Espagne. Voici la thèse : Poincaré, à l’instigation des Anglais, a ordonné qu’on bombardât des villes allemandes loin du front, afin que les Allemands répondissent par des mesures analogues, qui réveilleraient la colère et la haine de la France contre l’Allemagne, chose nécessaire à l’heure où l’on est las des sacrifices de sang.

Ce document cite le bombardement de Karlsruhe (22 juin 1916, 48 morts, dont 30 enfants), Mulheim (22 juin), Fribourg (16 juillet), Kundera. Holzen, Mappach (17 juillet), Heitersheim (22 juillet).

Il ajoute que le commandement allemand ne s’explique pas « cet acte de barbarie qui n’a rien de commun avec la conduite de la guerre. L’Allemagne fait la guerre aux armées françaises et non aux civils, femmes, enfants ». Comment les Allemands peuvent-ils concilier ce langage avec certains