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blessés par la mécanothérapie, c’est, dans ce décor adorable du printemps, le plus affreux défilé d’infirmes à jambes tordues, l’un qui marche dans un perpétuel « jeté » de danseuse, l’autre les genoux pliés comme un cavalier ankylosé. Et les enfants jouent sous les marronniers en fleurs, parmi ces déchets d’humanité.

— Le 15. Les nominations de Foch et Pétain paraissent. Que penser de Foch ? R… disait de lui, au moment de l’offensive d’Artois en septembre 1915, qu’il faisait l’effet d’un fou, lorsque, par ses discours préalables, il avait jeté les hommes contre des défenses allemandes intactes. De plus, malade, un médecin attaché à sa personne, qui le sondait toutes les deux heures.

— Le 16. Une note officielle française raille et frappe de suspicion les listes de pertes allemandes. N’est-ce pas un comble, de notre part, à nous, qui n’avons jamais osé publier de listes !

— Déjeuner avec Jean Longuet. Sur Stockholm, il attend la décision du Congrès socialiste du 27 mai. Il ignore si vraiment le Gouvernement allemand interdit aux socialistes allemands d’aller à Stockholm comme l’annoncent nos journaux. Il me montre les lettres qu’il reçoit : « Allez à Stockholm — si vous réussissez, votre nom sera immortel — on te fera ton affaire comme à Jaurès… » Les encouragements viennent du front. Les injures, de l’intérieur.

À la Société des Études Historiques, dont Longuet est membre, on tenta de mettre en lumière l’attitude de Poincaré vers les 28 et 29 juillet 1914, ses décisions cassantes, hâtives. Poincaré le sut. Il écrivit quatre pages justificatives pour Longuet et chargea Sembat de les lui remettre et de l’inviter à passer à l’Élysée. Longuet déclina.

— Le 17. Je passe le soir au bureau de Gheusi,