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que choſe. Cela donna occaſion au Pouſſin de luy écrire une grande lettre qu’il commença par luy dire : « Qu’il auroit ſouhaité de meſme que faiſoit autrefois un Philoſophe, qu’on puſt voir ce qui ſe paſſe dans l’homme, parce que non-ſeulement on y découvriroit le vice & la vertu, mais auſſi les ſciences & les bonnes diſciplines ; ce qui ſeroit d’un grand avantage pour les perſonnes ſçavantes, deſquelles on pourroit mieux connoiſtre le merite : mais comme la nature en a uſé d’une autre ſorte, il eſt auſſi difficile de bien juger de la capacité des perſonnes dans les ſciences & dans les arts, que de leurs bonnes ou de leurs mauyaiſes inclinations dans les mœurs.

« Que toute l’étude & l’induſtrie des gens ſçavans ne peut obliger le reſte des hommes à avoir une croyance entiere en ce qu’ils diſent. Ce qui de tout temps a eſté aſſez connu à l’égard des Peintres non-ſeulement les plus anciens, mais encore les modernes, comme d’un Annibal Carache, & d’un Dominiquin, qui ne manquerent d’art, ni de ſcience, pour faire juger de leur merite, qui pourtant ne fut point connu, tant par un effet de leur mauvaiſe fortune, que par les bri-