Page:Entretiens sur les vies et sur les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes, 7e et 8e entretiens.djvu/256

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ont beaucoup de rapport entre elles, le Marin jugea aiſément de l’eſprit du Pouſſin par ſes ouvrages, & combien ſon genie eſtoit élevé audeſſus de celuy des autres Peintres : Ce qui luy fit defirer de le connoiſtre plus particulierement ; & meſme dans la ſuite il luy donna un logement pour travailler, admirant combien il avoit l’imagination vive & une facilité à exécuter ſes penſées. Il le loûoit ſouvent de luy voir comme dans les poëtes ce beau feu qui produit des choſes extraordinaires. C’eſtoit une grande ſatisfaction au Marin d’avoir ſa compagnie, parce que ſes indiſpoſitions l’obligeant ſouvent à garder le lit, ou à demeurer au logis, il voyoit pendant ce temps-là repreſenter quelques-unes de ſes inventions poëtiques dont le Pouſſin prenoit plaiſir de faire des deſſeins, particulierement des ſujets tirez de ſon Poëme d’Adonis. J’en ay veû quelques-uns à Rome chez MM. Maximi qui les conſervoient ſoigneuſement parmi plufieurs autres de ſa main.

C’eſt par ces premiers eſſais qu’on connoiſt combien deſlors il avoit l’eſprit fecond, & comment il ſcavoit profiter des entretiens du Cavalier Marin, enrichiſſant ſes compoſitions des ornemens de la poëſie donc il ſceût de-