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que choſe. L’un eſtoit un Peintre, fort peu fort peu habile, & l’autre Ferdinand Elle Flamand, alors en réputation pour les portraits, mais qui n’avoit pas les talens propres pour les grands deſſeins où le genie du Pouſſin le portoit. Il fit connoiſſance avec des perſonnes ſçavantes, & curieuſes des beaux arts, qui l’aſſiſterent de leurs avis, & luy preſterent pluſieurs Eſtampes de Raphaël & de Jule Romain, dont il comprit ſi bien les diverſes beautez, qu’il les imitoit parfaitement. De-ſorte que dans fa maniere d’hiſtorier, & d’exprimer les choſes, il ſembloit déja qu’il fuſt inſtruit dans l’école de Raphaël, duquel, comme a remarqué le ſieur Bellori, on peut dire qu’il ſuçoit le lait, & recevoit la nourriture, & l’eſprit de l’art à meſure qu’il en voyoit les ouvrages.

Pendant qu’il profitoit de jour en jour dans la partie du deſſein, & dans la pratique de peindre, le Seigneur avec lequel il demeuroit eſtant obligé de retourner en Poitou, l’engagea à le ſuivre, avec intention de le faire peindre dans ſon Chaſteau. Mais comme ce Seigneur eſtoit jeune, & encore ſous la puiſſance de ſa mere, qui n’ayoit nulle inclination pour les Tableaux, & qui regardoit