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ENTRE DEUX BATAILLES


à l’étude de l’histoire universelle, trente-six au tableau général des sciences, huit à la philosophie, six à la critique et à l’eurythmie, dix aux exercices de langage et de style.

Tout cela est nouveau ; on admettra qu’il me soit impossible en ces quelques pages d’en donner même un aperçu suffisant. Le projet est déjà connu des intéressés ; à eux de l’apprécier et de s’en servir à leur convenance. Mais il faut, en tout cas, leur préparer les manuels, les « livres de classe » nécessaires à cette conception différente de la culture d’après laquelle l’homme cultivé ne sera plus exclusivement celui qui aura aiguisé son style et sa pensée au contact de certains chefs-d’œuvre, mais avant tout, celui devant lequel demeureront claires et présentes ce qu’on pourrait appeler les cinq notions fondamentales : la notion astronomique, celle de l’univers incommensurable au sein duquel se meut l’astre qui nous porte — la notion terrestre, celle des lois qui régissent cet astre — la notion historique, celle des labeurs accumulés par les générations précédentes — la notion hygiénique, celle de la machine humaine, de son rendement possible et des moyens d’y veiller, — la notion philosophique, celle de la soif d’idéal, de justice, de lumière et d’au-delà qui a toujours tourmenté l’homme et toujours le tourmentera, le différenciant à jamais de l’animal.

Eh quoi ! va-t-on me dire, vous voulez enseigner tout cela aux travailleurs manuels ? Quelle sottise ! Ils n’ont ni le temps, ni le goût, de pareilles études.

Je sais ; je connais ces dédains et ces ironies. Quand j’ai voulu rétablir les Jeux Olympiques, on m’a pris pour un fou.