Page:Engel - Traité de la nature, de la culture, et de l'utilité des pommes de terre, 1771.djvu/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelque choſe à dire contre les pommes de terre ? J’ai ramaſſé les points ſuivants :

1°. Qu’étant une eſpéce de ſolanum morelle, claſſe toute venimeuſe du plus au moins, la pomme de terre devoit auſſi participer à cette qualité, ou du moins être très mal ſaine : je repliquai par un autre exemple. Le napel eſt un fort poiſon, on le crut même autrefois réſiſter à tous les antidotes, excepté à l’anti-napel, qui non-ſeulement eſt de la même claſſe des aconits, mais preſqu’entierement reſſemblant au napel, par les feuilles & encore plus à cette eſpéce par la fleur ; cependant c’en eſt, dis-je, l’antidote.

2°. Un homme aſſuroit, ſur ce qu’il avoit apperçu de brillant dans la farine des pommes de terre, que c’étoit de l’arſenic, ſans autre preuve. Quoique cette aſſertion me parut ridicule, je demandai à un Chimiſte, ce qu’il en avoit trouvé, par une analyſe ; il dit, qu’il ne s’y trouvoit ni arſenic, ni même d’aucune autre eſpéce de ſel ; que ce brillant provenoit de quelques particules reſineuſes, qu’il y avoit trouvé pour l’eſſentiel, à peu près la même ſubſtance qu’au mays, ou bled d’Inde, & rien de mal ſain, encore moins de venimeux.

3°. Que des bêtes ruminantes, engraiſſées avec des pommes de terre, et étoient peries ſubitement, ayant perdu la faculté de ruminer.

Je compris d’abord que cet effet devoit avoir été cauſé par un empêchement materiel, externe, & non par quelque poiſon introduit dans le ſang ; cependant ne connoiſſant rien à l’anatomie des bêtes, ni à leurs maladies, j’en conſultai deux élèves de l’écôle Vétérinaire de