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nécessaire, il faut aussi obliger les chargeurs à les sonner, pour avertir le fondeur ou le garde-fourneau; pour cela à côté de la bune, à un des murs qu'on appelle batailles, est suspendue en liberté une plaque de fer fondu & un marteau, avec lequel le chargeur carrillonne sur la plaque, qui tient lieu de cloche; après le carrillon, le chargeur frappe autant de coups séparés qu'il convient, pour faire connoître quelle charge de la tournée, qui est composée de quatre charges, il va mettre dans le fourneau; un coup pour la premiere charge, deux, trois & quatre coups pour les suivantes.

Toutes les charges doivent êtres faites & se succéder dans le même ordre: ceux qui font les charges plus confidérables tombent dans plusieurs inconveniens: 1°. il se fait une plus grande consommation du charbon: 2°. le mélange de beaucoup de matieres est plus difficile à faire: 3°. ils sont obligés de laisser descendre le fourneau très-bas, ce qui occasionne une diminution considérable de la chaleur: 4°. le minerai, la castine sont précipités dans le grand foyer presqu'aussi-tôt qu'ils sont introduits dans le fourneau, par conséquent ils y arrivent cruds: 5°. le haut des parois se brûle bien plus promptement, au-lieu que faisant les charges moins considérables, on est sûr de bien mélanger les matieres, de les faire parvenir au grand foyer très-embrasées, de leur donner un feu préliminaire, qui leur vaut en partie le grillage, de contenir la chaleur, parce que le fourneau étant presque toujours plein, elle trouve plus d'obstacle à se dissiper, & qu'elle est mise toute à profit par la concentration.

Fig. 1. Chargeur qui verse un conge de minerai dans le fourneau; A A A les batailles ou murs qui entourent le haut du fourneau; G G la bune recouverte de plaques de fer, aux quatre coins de la bune sont quatre piliers qui soutiennent la cheminée: on a fracturé le pilier antérieur pour laisser voir le gueulard E, de même que la partie antérieure des batailles & du toit qui eussent caché la bune & le chargeur; H S S couverture de l'hangard sur les soufflets; k k couverture des lucarnes par lesquelles passent les balanciers e e, qui au moyen des contre-poids i i, servent à relever les soufflets, après que les cames de l'arbre de la roue à aubes O P, les ont abaissés; Q empoise & tourillon extérieur de l'arbre de la roue; T, endroit sous lequel passe le coursier du côté d'aval; a b semelle de la chaise de rechute f f c d, &c. sur laquelle les balanciers retombent; h h liens qui tiennent la chaise en état; K K pont pour communiquer de la halle au charbon au-dessus du fourneau sur lequel on arrive pour charger par le côté dit de rust. ne.

2. Chargeur portant une rasse de charbon.

Bas de la Planche.

Fig. 1. A A Rasse ou van pour porter le charbon; A A poignées; B plan du même van dont la forme est elliptique.

2. Conge ou panier pour la custine; A A poignées, A profil du panier; B plan du panier.

3. Conge ou panier à mine servant aussi pour l'herbue; A A les poignées; A profil du panier; B plan du panier: tous ces ouvrages sont d'osier & faits par les vanniers.

PLANCHE VIII.

La vignette représente l'intérieur de la halle, sur le moulage & le fourneau du côté des timpes. Plusieurs ouvriers les uns occupés à faire le moule de la gueuse, & les autres à en conduire une en-dehors en la faisant couler sur des rouleaux.

Après que deux chargeurs ont fait chacun une tournée, composée de quatre charges, ils en font une neuvieme en commun, pendant laquelle on prépare le moule de la gueuse il n'est à-présent question que de cela, les fontes moulées & figurées seront la matiere de la section suivante. Pendant que les chargeurs font la derniere charge, le garde-fourneau, fig. 2, prépare le moule en bêchant le sable suffisamment humecté, ensuite le fondeur, fig. 1, sillonne le sable avec la charrue, qui est un rable de bois triangulaire; il affermit le sable formant les côtés du moule avec une pelle ronde, ensuite le fondeur marque le moule sur un des côtés, avec deux outils que l'on voit au bas de la Planche, pour y imprimer les chiffres, dont on parlera plus bas, qui font connoître le nombre des coulées d'un fondage, & servent à régler le compte du fermier des droits sur le fer.

Le moule I L qui est tracé dans le sable, doit être tracé en ligne droite pour que les gueuses puissent s'entasser facilement; les deux plans qui le forment, & entre lesquels le fer prend la forme d'un prisme triangulaire, doivent faire ensemble un angle d'environ 75 degrés, dont le sommet soit émoussé, afin qu'elle ait une forme convenable pour l'affinerie, dont on parlera dans la section de la forge.

La qualité du sable pour faire le moule de la gueuse, n'est point une chose indifférente; les sables quartzeux n'y sont point propres, ils aigrissent le fer dans le travail de l'affinerie; les sables chargés de trop de parties terreuses s'ameublissent mal, la terre se durcit en se collant à la fonte, & augmente le poids sur lequel le fermier perçoit le droit domanial; les menus graviers de riviere passés à la claie sont ce qu'il y a de mieux, ils donnent un laitier doux à l'affinerie qui épure le fer.

La préparation du sable du moule consiste à l'humecter également pour qu'il se soutienne dans la forme qu'on lui donne; les ouvriers doivent être attentifs à ce qu'il ne séjourne point d'eau dans quelque partie du moule, car il en résulteroit une explosion qui feroit éclater la fonte, mettroit leur vie en danger, & occasionneroit la perte d'une infinité de grenailles, & un déchet considérable, à cause de la quantité de matieres étrangeres qui sont confondues en masses informes avec la fonte, masses qu'on ne peut brûler à l'affinerie qu'à grands frais. I L le moule de la gueuse, I la coulée bouchée par de l'herbue, F la dame par-dessus laquelle coule le laitier, D la timpe de fer qu'on ne devroit pas voir, étant cachée ainsi que l'ouverture au-dessus de la dame, par des frazins qui ferment cette partie, ainsi qu'il a été dit ci-devant, C C extrémité extérieure des costieres, M le taqueret, B B & les maratres qui soutiennent l'arriere voussure du fourneau au-dessus des timpes ou du moulage on verra dans la Planche suivante les orifices des canaux expiratoires par lesquels les vapeurs humides du mole du fourneau s'exhalent, & qu'on auroit dû représenter dans cette Planche. Z contre-fort qui soutlent le mole du fourneau en arboutant contre le pilier de cœur qui separe la face du fourneau où sont les timpes de celle où est la thuyere, Z Z autre contrefort buttant contre le mole du fourneau à l'angle de la face des timpes & du contre-vent, R soufflet du côté de la rustine; il est élevé, R autre soufflet du côté du pilier de cœur; il est abaissé: les contre-poids qui leur répondent, que l'on voit dans la Planche précédente & dans la derniere de cette section, sont dans la situation contraire; on voit près des murs du fourneau les différens ringards & outils dont les ouvriers font usage; on en parlera dans la suite.

4. Ouvrier qui avec un levier ou le barre croche, embarre dans les trous d'un rouleau pour le faire tourner, & aider un autre ouvrier à mettre dehors la gueuse L l, provenant de la coulée précédente.

5. Ouvrier aidant au précédent à sortir la gueuse.

Bas de la Planche.

Fig. 1. Charrue servant au fondeur, fig. 1. de la vignette, pour tracer le sillon dans lequel on coule la gueuse; l'angle S émoussé est de soixante & qumze degrés.

2. Bêche servant à ameublir & planir le sable des deux côtés du moule que l'ouvrier (fig. 2.) commence en jettant alternativement de côté & d'autre une pellerée de sable.

3. Baguette de fer ronde dont l'extrémité inférieure est