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traverser que dans le sens où elle est mobile. En cet état, il faut placer une poule vivante au milieu de la trape, & l’y attacher. Si alors il vient un renard ou un loup pour la dévorer, à peine aura-t-il passé le bord de la trape que sa pesanteur la fera enfoncer, & l’animal tombera dans la fosse où il demeurera enfermé, la trape reprenant tout de suite la situation horizontale. On voit dans la figure un renard qui tombe dans la fosse, & plusieurs autres qui le regardent.

2. Autre fosse découverte pour le même usage. Sur le bord de la fosse & dans l’alignement de la coulée où on la suppose placée, on établira une planche en équilibre, ensorte qu’une des extrémités réponde au centre de la fosse. C’est à cette extrémité que l’on placera la poule; & un renard ou un loup venant pour s’en saisir, & ne trouvant d’autre chemin que la planche, l’animal passera dessus, & tombera dans la fosse d’où il ne pourra sortir: là on pourra le fusiller à son aise.

3. Autre piege, nommé traquenard, pour prendre les loups ou les renards. On ajuste ce piége avec un morceau de charogne, suivant la sorte d’animal que l’on espere y prendre. Voyez les Pl. suiv.

4. Autre sorte de piége ou d’hameçon que l’on suspend à quelques branches d’arbre. On ajuste ce piége avec quelque morceau de charogne; & l’animal vorace venant pour s’en saisir, engueule la barre inférieure du piége, laquelle étant tirée en en-bas, laisse détendre la piece supérieure qui est poussée par un ressort. Cette piece terminée par deux crochets aigus, tombe sur le nez de l’animal qui ne peut s’en débarrasser, & y demeure ainsi suspendu. On voit dans la figure un renard pris, & le second qui saute après l’appât.

On chasse aussi le renard avec des chiens. Cette chasse, outre qu’elle se fait à peu de frais, & qu’elle est assez divertissante, est extrémement nécessaire; car cet animal fait un degât étonnant de gibier dans les endroits où il se retire. Il prend les lapins au gîte, il déterre les petits lapreaux dans les garennes & les dévore; il découvre les nids de perdrix, les surprend sur les œufs, mange les perdreaux, quand il en trouve, & se jette même sur les levreaux dans les plaines. Cet animal est fort vîte & court bien; il est très-adroit d’ailleurs, & quand il guette sa proie, il est bien rare qu’il la manque. Il est encore plus redoutable lorsqu’il a famille; car il va dans les fermes & dans les villages, & s’il trouve de la volaille, il ne manque pas de se jetter dessus, & l’apporte à ses petits dans son terrier. Lorsque ses renardeaux sont un peu forts, il les mene au long des haies pour leur apprendre à y attraper oiseaux ou gibier, & pour les former de bonne-heure à l’art d’attraper leur proie.

Il est donc important, pour se conserver le plaisir de la chasse du lievre & de la perdrix, de détruire ces animaux qui ne s’attachent qu’à nous les enlever. Il est inutile de vouloir les forcer avec des chiens courans: les braques suffisent. Dès que le renard est chassé par les chiens, il court au plus vîte à sa taniere pour s’y terrer; mais pour l’attraper, voici ce qu’il faut faire.

Il faut d’abord chercher les terriers, dans les bois & dans les buissons où ces animaux vont se retirer, & lorsqu’on en a découvert, il faut s’y transporter de grand matin, même avant le jour, c’est à-dire, avant que les renards soient rentrés dans les bois, & faire bien boucher les terriers. Cependant les chasseurs se dispersent; les uns montent sur des arbres pour les guetter au passage; d’autres s’embusquent auprès des terriers; & il faut que ceux qui choisissent ce poste, soient bons tireurs, parce que c’est l’endroit le plus sûr pour les rencontrer. Lorsque tout le monde est posté, un valet va découpler

 les chiens pour les faire quêter, afin de lancer ensuite les renards. Les chiens d’ordinaire aiment à les chasser, parce qu’ils ont assez de sentiment & qu’ils ne rusent pas comme les lievres. En effet, ils percent toujours, ils battent un buisson d’un bout à l’autre, & à plusieurs sois, retournant souvent à leurs tanieres pour s’y terrer; c’est là que les chasseurs, pour peu qu’ils tirent bien, ne les manquent guere. Lorsque le renard est tué, on le fait fouler aux chiens, pour les animer à le mieux chasser dans la suite.

On peut encore, si l’on veut, détruire les renards sans les chasser. C’est ordinairement vers la fin d’Avril & au commencement de Mai que ces animaux forment leur ménage: ils cherchent dans ce tems-là des terriers commodes; ils les préparent euxmêmes, & les nettoyent afin d’y être plus à leur aise. Lors donc qu’on aura remarqué ces terriers, on préparera de petites boules composées de noix vomiques nouvelles. Ensuite on prendra un poulet mort ou un pigeonneau, que l’on plumera, en le fletrissant le moins qu’il sera possible: on le fendra par-dessus le dos, sans y toucher de la main; & avec un petit bâton on introduira ces petites boules, en les enduisant un peu de graisse, dans le corps du poulet ou du pigeonneau, qu’on ira porter à l’entrée du terrier. Les renards ne maqueront pas de le prendre & de le manger: ils mourront sûrement, & par ce moyen on sera délivré de toute la portée.

Jusqu’ici nous avons extrait ces explications, du Traité de la venerie du sieur de Chappeville, gentil-homme de la venerie du roi.

Bas de la Planche.

Plan d’un chenil propre à contenir tout ce qui concerne un grand équipage de chasse.

Le chenil que nous proposons, consiste en une grande cour entourée de bâtimens sur deux faces, & fermée sur les deux autres par deux murs de clôture, au milieu desquels il y a une grille. Dans le milieu de cette cour est un bassin avec jet-d’eau qui est entouré de quatre pieces de gazon. Les deux corps de bâtimens sont terminés par quatre pavillons, dans lesquels sont les logemens des piqueurs, des valets de limiers, valets de chiens, &c. aussi-bien que le fournil où on fait le pain qui sert de nourriture aux chiens. L’étendue du rez-de-chaussée est divisée en plusieurs chambres dans lesquelles sont les différentes meutes destinées soit pour le cerf, chevreuil, sanglier, loup & le vautrait, composées les unes de grands levriers, levriers, dogues, &c.

A, porte d’entrée.

B, une des chambres du chenil.

C C C, tolas ou lits des chiens, sur lesquels on étend de la paille fraîche.

D, cage de fer au-dessus de laquelle est le logement du valet de chiens: c’est dans cette cage de fer ou retranchement que l’on fait entrer les chiens qui sont trop gras, pendant que les autres mangent une partie de la mouée.

F, cuvette ou fontaine où les chiens vont boire.

G G, escaliers pour monter à l’étage au-dessus qui sert de logement.

H H, passages fermés par une grille pour entrer dans le chenil.

Les autres salles sont distribuées de la même maniere.

PLANCHE VII.

La vignette représente l’intérieur d’une des salles du chenil, laquelle est décorée de sculptures représentant, soit des têtes de cerf ou sanglier, &c. A, porte d’entrée. CC, tolas. D, cage de fer où on enferme les chiens gras. B, supente où couche le valet de chiens.