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après lui les lévriers d’estric, & ensuite les autres dans le même ordre dont on a parlé ci-dessus: deux cavaliers piquent en même tems après lui, pour l’obliger à s’avancer dans l’accourre; car il est très-important que le loup y donne, sans cela il seroit manqué, parce que l’on n’entreprend guere de forcer le loup à la course. Il faudroit, pour y réussir, être bien sûr de ses relais, que les chiens fussent dresses uniquement pour le loup, ou qu’il n’y eût dans la forêt ni bêtes fauves, ni sangliers; encore cette espece de chasse seroit-elle longue & pénible, parce que les loups sont bien en haleine en quelque tems que l’on veuille les courre, & tiennent quelquefois les chiens pendant six ou sept heures de suite: c’est pourquoi l’on ne s’avise guere de vouloir les forcer à la course. Les lévriers placés aux accourres abregent beaucoup cette chasse, & la rendent aussi bien plus amusante pour ceux qui en sont spectateurs.

Aussi tôt qu’on a pris un loup, il faut l’abandonner aux chiens courans qui arrivent presque à l’instant, parce qu’autrement les lévriers se jetteroient sur les chiens: il est donc à propos de les retirer promptement, & de les remettre en laisse pour retourner en requêter un autre; car il est facile de prendre plusieurs loups dans un même jour. Lorsqu’on a ce dessein, il faut que chacun reprenne son poste exactement; pour ceux qui sont placés aux défenses, ils ne doivent point quitter leur place qu’ils n’en ayent ordre.

Losque le loup est à sa fin, on sonne sa mort par trois mots du gros ton de la trompe; on met pié à terre, on caresse les chiens pour les exciter à le fouler. C’est au premier piqueur à lever le pié droit de la bête qu’il va présenter au commandant de l’équipage.

Maniere de courre la louve & les jeunes loups.

On observe à-peu-près les mêmes choses à la chasse de la louve qu’à celle du loup; même façon de poursuivre, mêmes cris: mais pour ce qui est des jeunes loups, on les chasse plus hardiment; on va les attaquer jusques dans leurs forts avec les chiens. Aussi-tôt que les chiens les ont trouvés, la peur les saisit, ils s’écartent de côté & d’autre, sans cependant quitter le buisson. Alors les chiens les chassent selon qu’ils les rencontrent dans les forts. Le piqueur doit suivre & appuyer ses chiens par trois mots du premier grêle de sa trompe, & leur parler vivement dans ces termes: Harlou, harlou, hou velleci. Cela rechauffe les chiens & les enhardit, on verra même qu’ils reprennent de nouvelles forces, & qu’ils se jettent avec ardeur sur les jeunes loups Lorsqu’ils les ont mis à bout, le veneur les acheve avec le couteau de chasse, toujours avec la précaution dont on a parlé ci-dessus, de peur de blesser les chiens.

S’il y avoit dans la meute de jeunes chiens qui n’eussent point encore chassé, on pourroit les faire commencer par la chasse des jeunes loups en les joignant avec de vieux chiens bien dressés. Ils apprendroient promptement, & seroient bientôt en état de chasser. Il faut dans ces commencemens les animer & les encourager en les caressant souvent de la main; & lorsque les jeunes loups sont pris, il faut les en faire approcher & les faire fouler avec les autres.

La chasse finie, on sonne la retraite, on rassemble tous les chiens, & l’on emporte les loups qu’on a pris.

Curée du loup.

La curée du loup se fait bien différemment de celle des cerfs, chevreuils & autres bêtes qu’on

 abandonne aux chiens sur le champ. Le sentiment du loup est extrèmement fort, & les chiens n’en goûteroient point si l’on n’avoit soin de le leur déguiser. On a même remarqué que des chiens qui avoient assez d’ardeur pour suivre le loup à la chasse, n’osoient en approcher pour le fouler lorsqu’il étoit pris; ce n’est qu’avec beaucoup de précaution & des caresses souvent réitérées qu’on peut avec le tems vaincre l’aversion qu’ils ont pour la chair de cet animal. Voici de quelle façon on s’y prend pour la curée.

Il faut d’abord dépouiller le loup, le vuider & lui lever la tête que l’on doit couper par le nœud du coup: on y laisse la peau & les oreilles: on partage ensuite les quatre quartiers que l’on fait rôtir avec le corps dans un four bien chaud. Pendant que le tout se rôtit, on met dans un ou plusieurs baquets quantité de petits morceaux de pain, on jette par-dessus les quartiers du loup que l’on coupe par petits morceaux au sortir du sour; ensuite on verse par-dessus le tout une grande chaudiere d’eau bouillante, dans laquelle on aura mêlé pendant qu’elle chauffoit trois ou quatre livres de graisse, & l’on remue bien le tout ensemble. Lorsqu’on voit que tout est bien trempé, on renverse ce qui est dans les baquets sur un drap de grosse toile faite exprès, & on remue encore une fois, afin que ce mélange qui est encore un peu chaud, soit en état d’être mangé par les chiens.

Lorsque tout est prêt pour la curée, le premier piqueur prend les houssines de la main du premier valet de chiens, il en présente deux au commandant de l’équipage, qui en donne une au seigneur auquel il appartient; on en donne aussi par ordre à tous ceux qui sont présens à la curée, selon la qualité de chacun. Les houssines distribuées, on ouvre le chenil, & les piqueurs sonnent la curée, comme on l’a observé dans les autres chasses. On tient pendant ce tems-là la peau & la tête du loup devant les chiens, afin qu’ils s’accoutument à cet animal. Après qu’ils ont mangé la mouée, on leur présente à trente pas de-là le corps du loup rôti, auquel on a rejoint la tête. Le meilleur moyen de leur en faire manger est de le leur montrer au bout d’une fourche, & de les animer de la voix & de la trompe: ils ne manqueront pas de se jetter dessus à l’envi l’un de l’autre.

Cette curée est pour l’hiver; pour l’été, il y a quelque différence: on en fait rôtir de même les quatre quartiers que l’on coupe par morceaux; mais au lieu d’eau bouillie avec de la graisse, on prend deux ou trois seaux de lait, dans lequel on met quantité de morceaux de pain bien menus ou de la farine d’orge; on mêle le tout ensemble, & on leur présente cette mouée de la même façon que la premiere. Les chiens en mangent volontiers, & elle est très-rafraîchissante pour eux: on leur donne ensuite le corps à manger, comme on vient de le dire.


PLANCHE VI.
Chasse du renard, &c.

La vignette représente l’usage de plusieurs piéges pour prendre les renards, loups, &c. Elle est aussi tirée de Rhidinger.

Fig. 1re. représente une fosse couverte d’une trape circulaire ou quarré mobile, sur un axe horizontal. Cette trape doit être couverte de mousse, d’herbes, &c. ensorte qu’elle soit à-peu-près semblable au sol des environs: on doit aussi fermer les côtés de la fosse, vis-à-vis les extrémités de l’axe; ensorte que la trape étant placée dans une coulée, les renards ou loups ne la puissent