Page:Encyclopedie Planches volume 2b.djvu/25

Cette page n’a pas encore été corrigée

épaules & des cuisses; on peut aussi tirer du corps des morceaux délicats; les côtes, entr’autres, sont estimées, & on en peut faire des présens.

Maniere de faire cuire la hure du sanglier.

Quoique ceci ne regarde point la chasse, on ne sera peut-être pas fâché d’apprendre comment on fait cuire la hure du sanglier, parce qu’on peut manquer quelquefois de domestiques assez entendus pour cela: il n’y a cependant pas grande façon. Il faut d’abord brûler le poil ou l’échauder; on lave ensuite la hure & on la met dans une chaudiere assez grande pour qu’elle puisse tremper toute entiere dans l’eau, où l’on met autant de sel qu’il est nécessaire, avec du romarin, de la sauge, des cloux de gérofle, des écorces d’orange, quelques feuilles de laurier & autres herbes fines; on fait cuire la hure avec tous ces ingrédiens, & lorsqu’elle est à moitié cuite, on y met du vin blanc ou clairet, & on acheve de la faire cuire; ensuite on la tire de la chaudiere, & lorsqu’elle est froide, on la garnit de fleurs: après quoi, la hure est en état d’être mangée.

Maniere de prendre les sangliers dans les toiles.

Pour prendre les sangliers dans les toiles, on observe presque les mêmes choses que pour le cerf. Il faut d’abord aller au bois avec un bon limier bien dressé à détourner les sangliers; & après qu’on en aura rencontré & que le rapport aura été fait, on fera porter les toiles & les fourches à l’endroit désigné, & on les tendra de la même façon qu’on le pratique à la chasse du cerf. Il faut avoir soin de les tendre toujours sous un bon vent. Lorsqu’elles sont tout-à-fait tendues & bien arrêtées, un veneur prendra les voies au rembuchement avec son limier, & suivra son limier jusqu’à ce qu’il ait lancé des sangliers; aussi-tôt qu’il en aura connoissance, il se retirera & tâchera de ne point les effaroucher avec son limier; quand il sera bien assuré que les sangliers tont dans les toiles, & qu’il saura le nombre qu’il y en a, le capitaine du vautrait avertira le maître de l’équipage; si l’on n’étoit pas en disposition de chasser tout-de-suite, il faudroit poster des personnes pour faire la garde autour de l’enceinte, afin d’empêcher les sangliers de forcer les toiles: ce qu’ils pourroient aisément faire, en les détachant avec leurs défenses; au lieu qu’ayant quelqu’un qui ne fait seulement que tourner de tems en tems autour de l’enceinte, cela fait que les sangliers retournent dans le fort & n’en sortent point.

Lorsque le jour sera pris pour la chasse, & que tout le monde sera arrivé, celui qui conduit les chiens, les découplera: cinq ou six chiens courans suffisent d’abord; quand aux levriers & aux grands mâtins, on les tiendra prêts au-devant de l’enceinte. Il faudra poster quelques hommes qui coucheront sous les toiles, & qui ne se montreront que lorsqu’ils verront venir les sangliers qui seront chassés, en cas cependant qu’ils passent dans l’endroit où ils doivent être courus. Alors ces hommes s’étant relevés tous ensemble, leveront promptement les toiles que l’on aura laissé exprès abattues; il faut que ceux qui entreront dans le fort pour tuer les sangliers, soient armés de gros bâtons, longs de cinq ou six piés, & pointus par un bout: sept ou huit personnes suffisent pour cela, mais il en faut toujours quelques-unes à cheval.

Il est à propos que les cavaliers soient bien montés, qu’ils ayent des bottes fortes à l’épreuve des défenses du sanglier, & qu’ils soient munis de bons couteaux de chasse. Pour faire passer les sangliers dans l’endroit où ils doivent être courus, on décou-

plera les chiens sur les voies. Si ce ne sont que des bêtes de compagnie, on amenera toute la meute pour chasser; mais si ce sont de grands sangliers, il ne faut que cinq ou six chiens avec quelques cornaux: ces animaux qui sont extrémement vifs, presseront davantage les sangliers, & les feront aller d’un bout de l’enceinte à l’autre. Il faut alors que ceux qui sont dans l’enceinte, fassent grand bruit avec leurs trompes, pendant que d’autres appuieront les chiens; car s’il n’y avoit personne après eux, les sangliers leur tiendroient tête à chaque instant, viendroient à la charge sur eux & en feroient un grand carnage, mais les cris des chasseurs les épouvantent & les contraignent de fuir, & trouvant au bord de l’enceinte la toile abattue, ils sortent par cette espece de bréche; mais ils trouvent là de grands levriers d’attache ou de grands dogues d’Angleterre extrémement animés qui se jettent sur eux avec fureur dès qu’on leur en donne la liberté. On ne les lâche sur les sangliers que lorsque la toile est levée, ce qu’il faut faire avec une extrême diligence. Lorsque le sanglier est aux prises avec les levriers, il faut qu’un des veneurs s’avance sur lui, le couteau de chasse à la main, & qu’il mesure son coup assez juste pour tâcher de le percer au défaut des épaules; mais comme ces animaux vont sur le coup qui leur est porté, d’autres veneurs se tiendront prêts pour les recevoir avec le bâton dont ils sont armés; ils leur en donneront, s’il est possible, de grands coups sur le boutoir, parce que c’est l’endroit qui leur est le plus sensible: les petites bêtes succombent ordinairement sous ces coups; mais pour les grands sangliers, il faut y revenir plus d’une fois, & toujours leur présenter la pointe du bâton pour les repousser. Lorsqu’on a pris le nombre de sangliers que l’on souhaitoit, on sonne la retraite: alors tout le monde se retire, on ramene les chiens, & tout de suite on détend les toiles pour les rapporter au quartier du vautrait ou de la meute pour le sanglier.

Lorsqu’on veut peupler de sangliers un grand parc, on observe tout ce qui a été dit ci-dessus, si ce n’est qu’on ne lâche pas les gros levriers, parce que, comme ce sont ordinairement des bêtes de compagnie que l’on choisit pour mettre en parc, les levriers les tueroient immanquablement. Il suffit d’avoir des chiens qui les aboient; on va sur eux, on les saisit aux jambes, on les met ensuite dans des cabannes sur des charrettes, & on les mene ainsi dans le parc. Il faut avoir soin de leur donner bien à manger: il faut aussi qu’il y ait une mare dans le parc, car ces animaux ne sauroient se passer d’eau, en quelque saison que ce soit, & moins encore en été & dans la saison du gland, où ils sont fort échauffés: ce qui les oblige de donner aux mares, & de s’y vautrer pour se rafraîchir.

PLANCHE V.
Chasse du loup.

La vignette, de la composition de Rhidinger, représente différentes manieres ou piéges pour prendre les loups.

Fig. 1. Enceinte ou parc dont les entrées A sont escarpées, ensorte que les loups peuvent bien y entrer en sautant à bas, mais n’en peuvent point sortir; on met pour appât dans le parc quelques charognes que les loups viennent dévorer, & on peut les fusiller à son aise.

2. Représente une autre maniere de prendre les loups dans une fosse avec l’appât d’une brebis vivante, pour cela on creuse une fosse d’une grandeur convenable, au milieu de laquelle on